Les bienfaits du principe de précaution
Ce matin, à dix heures, un ahuri armé d’une machette s’est mis à crier « Allah akbar ! » dans le Carrousel du Louvre (c’est la galerie commerciale au sous-sol du musée, où l’on vend des naiseries du genre Tour Eiffel dans une boule de verre avec de la fausse neige, parce que les touristes japonais, sans ça, ne se souviendraient jamais de Paris). On a aussitôt désarmé et maîtrisé le crétin barbu, et... fermé l’entrée au musée et toutes les sorties du Carrousel, le temps de relever les identités des centaines de touristes qui se trouvaient là. Ils vont pouvoir regagner leurs cerisiers en fleurs avec la meilleure opinion possible de la France, et nous faire toute la publicité qui convient, ça va sûrement relancer le tourisme.
C’est admirable, le principe de précaution. Vous imaginez bien que si on n’avait pas gâché la journée des touristes, le miracle de la génération spontanée aurait généré des centaines d’autres cinglés armés de machette (jusqu’aux dents) qui se seraient répandus partout dans les innombrables couloirs du Louvre et auraient mutiplié les cadavres aux pieds de la Vénus de Milo et de la Joconde (à supposer que la Joconde ait des pieds).
Nous sommes gou-ver-nés. Comme a écrit Descartes, « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ».