Malraux et le vingt-et-unième siècle

Publié le par Yves-André Samère

Tout à l’heure, j’ai mis en ligne un petit article saluant la création d’une revue française dont l’un des buts est de faire la distinction entre la vérité et une opinion. Des dizaines d’exemples me viennent en tête, mais je vais commencer par une sentence constamment attribuée à quelqu’un... qui ne l’a jamais prononcée.

Il s’agit d’André Malraux, écrivain abscons, voleur d’antiquités au Cambodge (il brisait des sculptures d’Angkor-Vat et en ramenait en France des fragments qu’il revendait), et ministre de la Culture, nommé par un De Gaulle épaté qu’un écrivain célèbre se dise gaulliste. Or vous avez forcément lu ou entendu cette citation qu’on lui prête : « Le vingt-et-unième siècle sera religieux ou ne sera pas ».

D’abord, si vous admirez l’intelligence de Malraux, vous devriez rougir de croire qu’il ait pu sortir une telle imbécillité : que peut bien signifier cette histoire d’un siècle qui ne sera pas ?! On a donc mis au point la machine à effacer les siècles ? Vite, supprimons le vingtième, plus quelques autres !

Ensuite, nul n’a pu dénicher la moindre trace écrite de cette citation, et Malraux himself a toujours nié avoir dit ça. En fait, lors d’un entretien avec l’hebdomadaire « Le Point » le 10 novembre 1975, il a mis les choses... au point, en ces termes : « On m’a fait dire “Le vingt-et-unième siècle sera religieux”. Je n’ai jamais dit cela, bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je n’exclus pas la possibilité d’un évènement spirituel à l’échelle planétaire ». Précisons la fameuse citation, qui était la suivante : « Une révolution spirituelle ou un évènement spirituel pourrait survenir au vingt-et-unième siècle ».

Fermez le ban, et avouez qu’il y a un goufre entre la vérité et la légende !

Moralité, ne croyez rien si vous ne vérifiez pas.

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