« Année zéro », année fictive
Ce matin, sur France Inter, Patricia Martin avait invité une dame fort savante, Isabelle de Gaulmyn, qui est rédactrice en chef du quotidien La Croix, a été envoyée spéciale à Rome de 2005 à 2009 pour le même journal, et a écrit une biographie de Benoît XVI et une autre du pape actuel. On peut écouter cette interview ICI. Ce n’est pas inintéressant, la journaliste est assez bien renseignée, mais... elle a des lacunes en histoire et en mathématiques, ce qui apparaît dès la lecture du titre de cette interview : « Aucune chance, en réalité, que Jésus soit né à Bethléem un 25 décembre de l’an zéro ». Tout est dans cette expression, « an zéro ».
J’ai déjà décortiqué l’essentiel de cette erreur par quatre articles publiés le 27 décembre 2012, mais comme il y a peu de chances que vous m’ayez lu – cependant, rien ne vous empêche de le faire en vous reportant à cette date –, je résume.
Premier point, historique : aucun calendrier n’a jamais compté d’année zér0, pour la bonne raison que tous, sauf le calendrier républicain instauré en France à la Révolution, ont été créés alors que le nombre zéro n’avait pas été inventé, au cinquième siècle, en Inde. Comme justification de ce que je soutiens, c’est radical !
Deuxième point, arithmétique et logique : le millésime d’une année (son numéro, si vous préférez) est un nombre désignant, non pas une quantité – nulle, comme zéro euros –, mais un rang dans une liste. Or, être au rang zéro, c’est une absurdité, car toute liste commence au numéro 1. Être « zéroième », ça n’a aucun sens. Ce moment de départ d’une liste n’a aucune durée, pas plus que le point à l’origine d’une demi-droite n’a de dimensions.
Donc, si Jésus est vraiment né, il aurait pu le faire en l’an 1.
(En fait, la plupart des historiens penchent, soit pour l’année -6, soit pour l’année -7, et c’est l’opinion du pape retraité Benoît XVI, qui l’a dit publiquement. Jésus étant né, selon l’évangile, sous le règne du roi Hérode le Grand, personnage historique mort en -4, il tombe sous le sens qu’il n’a pu venir au monde quatre ans après)
Je laisse de côté le détail du jour où il aurait pu naître. Certainement pas en cette saison, puisque la seule période où les hôtels auraient été complets à Jérusalem, justifiant l’histoire de la crèche, c’était au moment de la Pâque juive, donc en mars ou avril.