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Sony a construit un lecteur de textes électronique, le eReader, censé pouvoir ingurgiter l’équivalent de mille six cents livres de bibliothèque, et que la FNAC va commercialiser pour trois cents euros. Avantage revendiqué par ces commerçants : vous pourrez emporter votre bibliothèque entière si vous partez en voyage.
Certes, certes. Mais qui donc a envie d’emporter en voyage sa bibliothèque entière ? En général, on emporte avec soi un livre ou deux, et si on est à court, il existe partout des librairies ! Autres inconvénients : ces livres électroniques, il faudra les acheter sur Internet, et à un prix à peine inférieur au bon vieux livre en papier. En outre, le système ne permettra pas de récupérer les textes sur un ordinateur, donc la copie sera impossible.
Cette innovation, en fait, est dans la ligne de cette manie bien française (mais les étrangers n’y échappent pas toujours) : on PEUT le faire, donc on VA le faire.
Chez nous, ça a donné le Plan Calcul, l’avion Concorde (qu’aucun pays n’a voulu acheter, en dehors de ses deux constructeurs), l’Informatique Pour Tous à l’école (on avait fourni aux écoles des ordinateurs Thomson... qui n’avaient pas le moindre logiciel), le système de télévision en couleurs Secam (que nous n’avons pu fourguer qu’à nos ex-colonies), le Minitel, et on en oublie.
Ce lecteur de textes ruineux va donc sombrer dans le ridicule, il suffit d’attendre. Car enfin, vous avez déjà vu un livre cesser d’être lisible parce que les piles étaient à plat ? Ou une bibliothèque entière partir en fumée parce qu’un circuit électronique avait foiré ?