MAM sort les avirons
Elle aurait presque fait pitié, Michèle Alliot-Marie, n’était ce petit détail que nul ne la force à rester dans un tel gouvernement. Invitée ce soir sur Canal Plus, elle se voit inévitablement poser la question sur le cas de Julien Coupat, incarcéré depuis la mi-novembre et qu’on a dû libérer aujourd’hui. La question a le mérite d’être simple : si Coupat est un terroriste, comment peut-on le libérer ? Et s’il était innocent, comment a-t-on pu le garder en prison pendant six mois et demi, au mépris de la présomption d’innocence (que par ailleurs les membres de son parti appliquent à Jean Tiberi, condamné hier, mais qui a fait appel) ?
En dépit du large sourire qu’elle a peint sur son visage et qui est d’une admirable sincérité, en dépit des petites perfidies qu’elle lance au journaliste qui l’interroge – certainement parce que cet imbécile a des lacunes dans le domaine du droit, insinue-t-elle –, MAM a « sorti les avirons », comme disait Carlier, et n’a convaincu personne. On aurait gardé Coupat à l’ombre le temps de faire l’enquête, et afin de l’empêcher de détruire des preuves ? Mais dès le début, on savait qu’il n’y avait pas de preuves. Fouiller son épicerie de village n’a pas dû prendre des mois, et on n’y a trouvé que des livres ! Oui, bien sûr, les livres, c’est dangereux. Voyez Fahrenheit 451.
Il ne reste plus à Coupat qu’à porter plainte pour détention arbitraire. Pourquoi se gênerait-il ? Dans un cas semblable, l’affaire des Irlandais de Vincennes que j’ai rappelée il y a quelques jours, les incarcérés au mépris du droit ont fini par gagner leur procès. Sans parler de Patrick Dils. Certes, cela a pris du temps, et c’est précisément ce qu’espère le gouvernement : décourager les plaignants par la lenteur de la Justice ! Un très vieux truc... Mais à la longue, cela finit par se voir.