Deux éthylotests, sinon rien !
Le magazine « L’Équipement » s’adresse aux amateurs de motos et de scooters, et il a fait une enquête sur l’éthylotest. Je m’empresse de préciser que je ne suis pas un de ses lecteurs, que je ne me passionne pas pour les voitures, que je ne possède aucun véhicule, pas même une trottinette, et que je n’aime pas conduire. Néanmoins, je reconnais que ces engins ont leur utilité, surtout lorsqu’on habite à des kilomètres de son travail et qu’il n’existe aucun moyen de transport en commun.
Voici ce qui ressort de ladite enquête : on sait que le gouvernement, par décret du 1er juillet de cette année, a rendu obligatoire la possession par les automobilistes de DEUX éthylotests, l’un pour se tester en cas de doute, l’autre à présenter aux gendarmes en cas de contrôle. But affiché, lutter contre l’alcoolisme au volant. Bravo, donc ? Oui, mais...
En juillet 2011, l’association I-Tests, qui se prétend à but non lucratif, s’est créée pour militer en faveur de l’éthylotest obligatoire dans chaque voiture. Elle a interpellé le ministère de l’Intérieur, de droite à l’époque, et, le 1er mars de cette année, le décret n° 2012-284 du 28 février 2012 est sorti, qui instaurait une nouvelle infraction, « le défaut de possession d’un éthylotest » (cela rappelle le défaut de protection de son ordinateur qui a fait les beaux jours de l’Hadopi), sanctionnée par une amende de 17 euros à partir du 1er novembre prochain. Ce décret était signé par François Fillon, Premier ministre, par Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, et par Michel Mercier, ministre de la Justice (« et des libertés », c’est son titre exact !).
Miraculeuse rapidité, car il faut habituellement des années de lobbying à une association pour obtenir satisfaction des pouvoirs publics. En fait, la loi instaurant cette obligation existait depuis... 1970, mais n’avait jamais été appliquée. C’est l’activisme de l’association I-Tests qui a favorisé la prise dudit décret. Mais qu’est-ce réellement que cette association « à but non lucratif » ? Réunit-elle des familles ayant perdu un proche sur la route, après un accident induit par l’alcool ? Pas du tout ! Ce sont... des fabricants d’éthylotests ! Le président de cette association s’appelle Daniel Orgeval, et il est chargé de mission de l’entreprise Contralco, installée à Gignac, dans l’Hérault, laquelle se trouve être, par un providentiel hasard, le plus grand fabricant français d’éthylotests chimiques (les « ballons »), qui n’a qu’un seul concurrent étranger, la firme sud-africaine Red-Line Products. Attendu que roulent en France 36 millions de voitures, sans compter les deux-roues, qu’il faut deux éthylotests par véhicule, et que ces zinzins sont périmés au bout de deux ans, Contralco est donc assurée de vendre quelques 80 millions d’éthylotests tous les deux ans.
On attend que le gouvernement socialiste annule aussi cette disposition de droite, il a si bien commencé à lutter contre les intérêts privés !
(NB : la même société est bien connue du gouvernement, c’est elle qui lui a vendu les premiers radars qui repèrent les chauffards ! Fabuleux hasard)