Fin de la Comédie italienne ?
Au cas où vous vous demanderiez qui était ce directeur de théâtre qui, jeudi vers 10 heures du matin, a lancé sa voiture contre les grilles de l’Élysée (on l’a mis en garde à vue, vous pensez bien, après ce crime de lèse-grille), sachez qu’il s’appelle Attilio Maggiulli, qu’il a 67 ans, et que son théâtre est la Comédie italienne, 15 rue de la Gaîté, à Paris – qu’il dirige depuis 2003. Mieux, la veille, il avait tenté de mettre le feu à un mannequin portant le costume d’Arlequin, au Carré Marigny. Comme le Carré Marigny, en bas des Champs-Élysées, se trouve à... soixante mètres de l’Élysée, il faut croire qu’il aime le quartier.
Blague à part, il y a des salles de spectacle moins honorable que la Comédie italienne, seul théâtre italien de Paris, qui risque fort de fermer bientôt, vu la montagne de dettes qui le menace, pour une raison bien simple : avant 1997, elle avait le statut d’association et recevait 30 000 euros par an, mais elle est aujourd’hui, légalement, une entreprise commerciale, donc elle ne reçoit plus de subventions du ministère de la Culture.
L’Italie n’a pas de chance, à Paris. Carlo Goldoni, un Vénitien souvent comparé à Molière bien qu’il ait vécu au siècle suivant, et qui est souvent joué à la Comédie italienne, a passé la fin de sa vie à Paris, où il est mort dans la misère (21 rue Dussoubs, pas loin de chez moi, et dans la rue où Cyrano est né, au numéro 2). C’était un auteur majeur. Si la Comédie italienne ferme, on ne jouera plus beaucoup Goldoni à Paris.