Jean Sendy

Publié le par Yves-André Samère

Je ne suis pas parvenu à savoir si Jean Sendy vivait toujours, mais j’en doute un peu, puisque ses premiers livres remontent à 1948. Cet homme, dont j’ai lu une demi-douzaine des livres publiés, m’a intéressé, car c’était un esprit curieux. Et curieux dans les deux sens du terme : d’abord, parce qu’il avait une saine curiosité, celle qui vous fait vous intéresser à tout ; et curieux dans le sens d’original, état qui pour moi est une qualité majeure, et que j’aimerais posséder à ce point. Ainsi, c’est lui qui a écrit : « Tout problème comportant davantage d’inconnues que de données est “indéterminé” » (en clair, si vous avez DEUX inconnues, il vous faut DEUX équations distinctes pour les trouver), ou « Il y a obscurantisme chaque fois qu’un dogme donne une valeur arbitraire à l’une des inconnues et prétend ainsi résoudre le problème posé », ce qu’il est impossible de ne pas approuver, surtout si on possède quelques notions de mathématiques.

Peut-être un autre jour parlerai-je de ses livres, puisqu’il fut l’un des rares intellectuels à considérer la Bible, non pas comme je le fais, un pur ouvrage de propagande d’avant la propagande, mais comme un livre d’Histoire on ne peut plus sérieux, dont hélas le sens original a été oublié à cause des coups de pouce donnés par ses traducteurs, tous bien intentionnés naturellement. Cependant, Sendy s’est intéressé à un autre sujet, la différence entre les juifs et les musulmans, vu sous l’angle des résultats obtenus par eux dans le domaine intellectuel. Son hypothèse est hardie, peut déranger les imbéciles antijuifs – pardon pour le pléonasme –, mais pas absurde, et la voici.

À l’époque où Sendy écrivait, voilà plus de quarante ans, il évaluait le nombre de juifs dans le monde à une douzaine de millions. Actuellement, cette population a grossi d’environ dix pour cent, et l’on compterait, selon une évaluation datant de l’année dernière, environ 13,7 millions de juifs, ce qui est très peu – la population de l’agglomération londonienne, en gros, ou 0,2 % de la population mondiale, ou encore, un juif sur 514 Terriens. Son taux de croissance serait de 0,65 % par an, et Israël n’en réunirait que 43 % du total. Mais les musulmans, eux, seraient, selon une étude de janvier 2011, plus d’un milliard et demi, si bien que le Vatican lui-même a reconnu en décembre de la même année que « l’islam est la première religion à s’étendre dans les différentes régions du monde, et 19 % de la population mondiale sont musulmans, alors que les chrétiens forment 17,5 % de la population du monde ». En somme, il existe sur Terre un juif pour cent quinze musulmans !

Passons, ce n’est pas cela qui m’intéresse ici. Ce qui m’intéresse, c’est ce que Sendy avait remarqué, mais je ne pense pas qu’il ait été le seul ou le premier. Ce qu’il a remarqué, c’est ceci, que j’actualise avec les données récentes : de 1901 à 2010, donc en cent dix ans, 543 prix Nobel ont été attribués à 817 lauréats et 23 organisations. Or 181 des lauréats, soit 21,5 %, étaient juifs ; alors qu’au plus 659 étaient non-juifs – et aucun musulman, semble-t-il, quoique je puisse me tromper. L’écart serait encore plus criant dans les matières scientifiques distinguées par le jury du Prix Nobel, constitué de l’Académie royale des sciences de Suède pour la physique et la chimie, et l’Institut Karolinska, également suédois, pour la physiologie et la médecine. Il y a aussi, depuis 1968, un prix de la Banque de Suède en sciences économiques. Bref, à moins de penser que la Suède tout entière s’est convertie au judaïsme, il est idiot de penser que c’est le résultat d’un complot mondial en faveur du sionisme ou contre le Tiers-Monde, comme beaucoup l’ont écrit.

Mais alors, quelle serait l’explication de cette disproportion gigantesque ? Pas l’argent qui favorise les études : les pays arabo-musulmans, comme l’avait noté Sendy, ont leurs Crésus (songez à l’Arabie Saoudite, ou encore au Qatar, qui n’existait d’ailleurs pas encore quand cette question a été posée), et ça n’a jamais donné un scientifique de plus ! Pas la race, puisque les races n’existent pas. Reste la religion, et l’éducation qu’elle induit...

En effet, la Torah – pour les Grecs, le Pentaqueuque –, c’est-à-dire les cinq premiers livres de l’Ancien Testament sur lesquels reposent tous les principes d’existence d’un juif pratiquant (et même non pratiquant), est particulièrement stricte. Elle régente le moindre des actes de la vie quotidienne, corsète littéralement la vie de ceux qui la mettent en pratique, et les incite à se dépasser constamment. Alors que la religion musulmane, c’est le moins qu’on puisse dire, est très laxiste, peu exigeante et facile à pratiquer, d’où son succès : admets qu’Allah est le seul Dieu, fais tes cinq prières quotidiennes, pratique la charité si tu peux, va en pèlerinage à La Mecque si tu peux, et pour le reste, jouis de l’existence sans souci du péché, en songeant aux soixante-douze vierges qui t’attendent au Paradis si tu fais tout ça ! Dans ces conditions, l’éducation musulmane, c’est évident, ne produirait pas les mêmes résultats.

Au fait, Jean Sendy, vous avez dû rencontrer son nom : pour gagner sa vie, il écrivait les sous-titres des films en anglais. Si vous avez l’occasion de voir ou revoir Le lauréat (en anglais, The graduate), lisez bien le générique de fin, son nom s’y trouve !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

M
La biographie de Jean Sendy (Dimitri Abelson) est maintenant connu. <br /> D'autres informations viendront...<br /> http://mysteretboulesdecristal.centerblog.net/6459030-jean-sendy-1910-1978-3
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Y
Attendons ces informations...
M
Aujourd'hui, vous pouvez savourer une grive, la tombe est bien réelle...je garantis l'authenticité de cette photo !<br /> Bravo pour vos articles décapants...
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Y
Merci. Et pour ce qui est des grives et des merles, je me contente de peu.
S
Bonjour, je suis en train d'écrire un essai academique sur Jean Sendy. Comment savez-vous que Sendy est né en 1910? Merci, Stefano
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Y
Dans l’un des trois articles où je le mentionne, je n’ai fait que reprendre l’indication figurant dans sa notice de Wikipedia, ici :<br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Sendy<br /> <br /> Évidemment, Wikipédia n’est pas fiable à cent pour cent. Mais faute de grives, on mange des merles...