Loth, sa femme, ses filles

Publié le par Yves-André Samère

Hier, à propos de Loth et des deux anges qu’il avait hébergés, anges que la population de Sodome désirait vivement connaître un peu mieux, j’avais écrit ceci : « Admirons le sens de l’hospitalité de ce père, prêt à sacrifier ses deux filles vierges pour épargner un petit ennui à deux anges qui, vu leur origine, auraient sans doute été de taille à se défendre eux-mêmes ! ». Que ces deux anges aient été de taille à se défendre, la suite le prouve très bien, puisque, usant de leurs pouvoirs divinement magiques, « ils frappèrent d’aveuglement les gens qui étaient à l’entrée de la maison » (Ancien testament, livre de la Genèse, chapitre 11, verset 19). Radical ! La cécité frappa « depuis le plus petit jusqu’au plus grand », donc elle n’épargna pas les enfants, ce qui démontre bien à quel point Dieu est aussi bon que juste.

Après cela (Genèse 19.12), les deux envoyés de Dieu conseillent à Loth de quitter la ville avec ses fils, ses filles et ses gendres, vu qu’ils ont l’intention de tout détruire : c’est la réédition du Déluge – alors que Dieu avait promis de ne plus s’en prendre aux êtres humains. Il devait avoir déjà le projet de créer Charles Pasqua, l’auteur de cette belle maxime : « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».

Donc Loth quitte la ville, mais la famille se scinde en deux groupes : lui part avec sa femme et ses deux filles célibataires et vierges, celles dont il a été question plus haut, et gagne une petite ville qu’on nommera plus tard Tsoar, pendant que le reste de la famille part on ne sait où car ce n’est pas intéressant, et que les deux anges ratiboisent Sodome, dans un avant-goût d’Hiroshima et de Nagasaki.

Hélas, la femme de Loth, dont on ne précise pas le nom parce que ce n’est jamais qu’une femme, a la mauvaise idée de regarder en arrière, comme plus tard Orphée le fera pour vérifier si Euridyce le suivait à la sortie des Enfers, ce qui va inspirer à Jacques Offenbach de bien belles pages musicales, et (Genèse, chapitre 19, verset 26) « elle devint une statue de sel ». Bien fait, la curiosité déplacée doit être châtiée.

Devenu veuf (et SDF, n’oublions pas), Loth quitte Tsoar et va se réfugier sur une montagne (Genèse, 19.30), « dans une caverne, lui et ses deux filles ». Là, l’aînée fait remarquer à sa sœur que l’endroit manque d’hommes (Genèse, 19.31), qu’elles risquent donc de se dessécher sur pied, et que la solution est évidente : il leur suffit de faire boire du vin à leur père, et de coucher avec lui lorsque, complètement saoul à la manière de Noé, il se sera endormi. Ce qui se fera pour les deux filles, à tour de rôle, l’aînée commençant la première, comme il se doit dans les meilleures familles.

La suite est édifiante : « Les deux filles devinrent enceintes de leur père » (Genèse, chapitre 19, verset 36). L’aînée mettra au monde un fils, Moab (Genèse 19.35), et la cadette, un autre fils, Ben Ammi (mais non, pas Bel Ami !). Lesquels, naturellement, seront les ancêtres de deux peuplades glorieuses, les Moabites et les Ammonides. C’était bien le moins.

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