L’école des spadassins : Daniel Morin

Publié le par Yves-André Samère

Si Stéphane Bern est amené un jour à décerner un prix de la loyauté et de la fidélité aux personnes qui vous ont tiré de la médiocrité, je parie une Cadillac en or massif qu’il rayera d’un trait rageur Daniel Morin de la liste des candidats. Au besoin, Didier Porte prêtera au cher Stéphane son stylo Mont-Blanc (oui, depuis qu’il travaille sur RTL, Porte s’est converti au luxe).

Morin a débuté assez obscurément sur une petite radio parisienne, Ouï-FM, celle-là même qu’Arthur a rachetée pour mieux y faire sa pub. La première émission de Morin passait vers minuit, horaire qui garantit une écoute maximale, vous vous en doutez. Puis il s’infiltra dans l’émission du matin que Josquin Wagner animait entre 6 heures et 9 heures, Le Grand Matin. C’est là qu’il connut Didier Porte, lequel avait une chronique quotidienne, à 8h05, sur la télévision. Or Morin brûlait de, euh… brûler les planches, et il finit par arracher à Porte une petite place dans le spectacle de celui-ci.

Porte le fit donc débuter au théâtre, avec un stand-up se voulant humoristique. Il eut même l’élégance de le faire passer, non pas en « vedette américaine » (c’est-à-dire avant lui, quand le public n’est pas encore chaud), mais après, une fois que la salle, bien conditionnée par la vedette en titre, est favorablement disposée. Morin s’y révéla exécrable, arpentant la scène de long en large sans oser regarder le public, et débitant un texte qui n’était ni fait ni à faire. Échec cuisant.

En dépit de cela, ayant mis au point une formule différente et, convenons-en, fait quelques progrès, Morin obtint que Porte le pistonnât une fois de plus pour entrer… à France Inter, où Porte, ayant quitté Ouï-FM, avait une chronique quotidienne dans Le Fou du Roi, laquelle remportait un grand succès. Morin entreprit alors de se mettre dans les bonnes grâces du patron de l’émission, Stéphane Bern : il ne quittait pas le studio après son sketch, alors qu’il passait tout au début de l’émission qui pourtant durait une heure et demie, intervenait sans arrêt, et faisait participer Bern à ses numéros (Bern rêve de refaire du théâtre, et adore faire l’andouille en public). Si bien que, lorsque l’émission fêta ses dix ans lors d’un gala télévisé, Bern chargea Morin d’écrire tous les textes de liaison.

Mais, après onze ans de succès, Bern, écœuré que le nouveau directeur de France Inter, Philippe Val, ait renvoyé Didier Porte puis lui ait interdit de recevoir ce dernier lors de la sortie de son livre Incorrigible, résolut de quitter France Inter et d’aller sur RTL diriger une émission dans le même style que celle qu’il faisait déjà. Et la presse publia qu’il emmènerait avec lui quelques-uns de ses acolytes, dont Régis Mailhot et Daniel Morin. C’était donc quasiment officiel, Morin irait sur RTL. Écarté de la radio depuis plus d’un an, Porte n’était pas prévu dans le déménagement.

Mais, ô surprise, quand l’émission débuta, Morin n’y était pas ! Entre-temps, il avait négocié avec Radio-France : je ne vais pas sur RTL, mais vous me donnez une émission à moi tout seul personnellement que je serai seul à la faire. Gagné ! Morin est désormais sur Le Mouv’, une station de Radio France, et y pilote, entre 18h30 à 19h30 du lundi au jeudi, avec Giulia Foïs, une émission en public, La Morinade. Enfin patron ! C’est le bonheur. D’ici à quinze ans, Morin sera PDG de Radio-France.

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