« Le Fou du Roi » : Daniel Morin
Daniel Morin a connu Didier Porte sur une petite radio parisienne, Ouï-FM. Puis il a désiré débuter sur scène, et le même Porte, histoire de lui donner un coup de main, l’a inclus dans son propre spectacle, au Vingtième Théâtre, à Paris. Curieusement, il le faisait passer après lui, la salle ayant été préalablement bien « chauffée » par ses soins, ce qui va à l’encontre des habitudes sur scène, la vedette ayant coutume de passer en dernier.
Morin était très mauvais. Il arpentait mécaniquement les planches de long en large, et marmonnait un texte plutôt mal écrit, qui semblait, aux spectateurs, durer trois heures, alors que sa participation de vedette invitée, montre en main, tenait sur quinze petites minutes. On n’aurait pas donné cher de son avenir comme humoriste, à ce moment-là. Mais il s’obstina. Son obstination paya, et Porte – toujours lui, et mal inspiré puisqu’il épaula un concurrent – le fit engager à France Inter, où il officie depuis, principalement au Fou du Roi, mais aussi, parfois, dans la matinale de la station, où il fit quelques remplacements – encore la semaine dernière, Gérald Dahan, pressenti par Philippe Val, ayant brillé par son absence jusqu’alors.
Pour ses chroniques quotidiennes au Fou du Roi, Daniel Morin a choisi un créneau qui durera ce que durent les balbutiements, celui du machisme feint et de la muflerie affectée. D’autres avant lui ont défriché ce terrain glissant, Coluche, Alévêque, voire Bedos. Ou Frank Dubosc, pour mettre les choses au pire. Mais enfin, cette fois, ses textes tiennent la route, et le public lui fait un succès permanent, quoique certains auditeurs renâclent parfois. Mais Morin ne manque pas d’inventivité – à défaut d’esprit véritable –, ni du talent nécessaire pour de se mettre en avant. Il saura se reconvertir, comme d’autres avant lui.
C’est que, surtout, Morin sait nager. Alors que sa chronique passe au début de l’émission et qu’il n’est pas censé jouer les animateurs, il reste dans le studio sur toute la durée du Fou du Roi, une heure de demie, et commente à la volée l’interview des invités, sur le mode impertinent. Mieux, il a su se rendre indispensable et circonvenir son patron, Stéphane Bern, en l’impliquant dans ses sketches, où il lui fait tenir le rôle de Mireille Mathieu ou de Karl Lagerfeld, que Bern imite assez bien. Il a aussi enrôlé l’assistant de production, Gaudéric Grauby-Vermeil, qui lui tient lieu de partenaire occasionnel dans une série de petites vidéos d’assez mauvais goût, sous le titre générique La pastille de Daniel Morin. Ainsi paré, il disposait, sur le site Internet du Fou du Roi, de TROIS liens : vers son site personnel, vers celui de La pastille (actuellement supprimé), et vers sa chronique quotidienne filmée. Auxquels on doit ajouter celui qui pointe vers ses chroniques dans la matinale, dans la liste des chroniques de France Inter. Bien joué !
Ce petit jeu a porté ses fruits : c’est à lui que Bern a confié la rédaction des textes de l’émission télévisée sur les dix ans du Fou du Roi, en février. Là, il a été carrément mauvais, et les téléspectateurs ont râlé. Qu’importe, comme il n’est pas du genre à dire à l’antenne « J’encule Sarkozy », le voilà indéboulonnable. Mais pas à l’abri d’un flagrant délit de plagiat : le jeudi 9 septembre 2010, s’adressant à Jacques Weber que Le Fou du Roi recevait ce jour-là, il le complimenta sur son aspect physique, avant de conclure : « C’est bien simple, on dirait moi ! ». Patatras... Cette réplique, il l’avait piquée dans le spectacle de Didier Porte, qu’il était allé voir trois jours plus tôt au Café de la Gare, et que Porte fait dire par Guy Bedos en voix off. Saluons donc la qualité d’inspiration de Morin.