Pirate, ou pas pirate ?

Publié le par Yves-André Samère

Paru cette semaine avec un jour de retard, « Le Canard enchaîné », en sa page 8, s’emmêle les pinceaux sur la notion de piratage. En effet, on a su ces jours-ci que des facétieux avait ourdi un odieux complot visant à ridiculiser l’immense chef d’État que la France s’est donné, en s’arrangeant pour que les recherches sur le moteur de recherches Google, et portant sur l’expression trou du cul, renvoient inexorablement à la page de Sarkozy sur Facebook.

Désolé, cher « Canard », mais pas besoin d’être un pirate pour cela, et la page de Sa Majesté n’a nullement été piratée. En fait, il a suffi de créer un nombre important de liens à partir de la révoltante expression visée plus haut, et pointant vers la page en question. Vous n’avez rien compris à ma lumineuse explication ? Très bien, je vais donc reproduire le processus sous vos yeux éblouis.

Supposez, ainsi, que j’écrive l’expression petit tyran amateur. Maintenant, je sélectionne à la souris ces trois mots, j’ouvre la boîte de mon logiciel permettant d’insérer un lien hypertexte, et je tape dans cette boîte l’adresse de la page de Sarkozy sur Facebook. Cela va donner ceci : petit tyran amateur. À présent, cliquez sur le lien que je viens de créer, vous serez envoyé directement sur la page de Sarkozy ! (Sous réserve que vous cliquiez ensuite sur « Accéder à Facebook », à cause des limitations de ce blog ; à partir d’un site ordinaire, aucune limitation) Mais n’oubliez pas de revenir ici, elle ne présente aucun intérêt, or j’ai encore besoin de vous.

Imaginez maintenant que j’ai une armée de copains complices (ce qui ne va pas tarder, avec votre aide), et qu’ils en fassent tous autant. Si le nombre de liens créés par cette armée de malveillants est suffisant, et si beaucoup d’internautes cliquent dessus parce que j’aurais fait savoir, éventuellement avec Facebook ou Twitter, l’existence de cette blague très fine, l’expression petit tyran amateur va monter dans le palmarès de Google, et sera (peut-être) en tête de la liste de recherches. On appelle cela du Google bombing, et pas besoin de traduire, vous avez pigé. Vous avez aussi compris que la première condition, c’est que beaucoup de gens soient au courant de ma blague. Or, dans le cas de Sarkozy et de trou du cul, de nombreux sites d’information, tous désintéressés et ne voulant surtout pas rater le scoop, ont publié le renseignement. D’où son succès.

C’est cela, Internet, on ne parle que de ce... dont on parle !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :