Les Petits Chanteurs au chômage ?
Peut-on appliquer une règle, dont le but est une avancée sociale, à des gens qui, non seulement ne demandaient rien, mais risquent, en plus, de perdre leur travail si elle s’applique ? Cette absurdité bureaucratique, digne de l’ancienne Union Soviétique, concerne les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, et j’en avais parlé ICI et LÀ. Donc, le ministre du Travail, qui a du temps à perdre, a tranché, les enfants DEVRONT chômer deux jours consécutifs par semaine, et toucher un salaire.
Pour le salaire, ils le touchaient déjà, à ce détail près qu’on le mettait sur un compte et qu’ils auront le droit de le dépenser à leur majorité. C’était raisonnable. Pour les deux jours de congé, c’est une idiotie monumentale, parce qu’ils donnaient souvent leurs concerts durant le week-end, que cela ne sera plus possible, et que c’est vingt concerts par an qui devront être supprimés
Résultat : un gros manque à gagner, d’autant plus désastreux que la chorale (on dit « manécanterie », parce que son origine est religieuse) a déjà des dettes, qui s’élèvent à 1 900 000 euros. Une paille. La direction ne pourra donc pas payer, la chorale est déjà, depuis septembre, en redressement judiciaire, la « période d’observation » va s’achever le 13 mars, la limite de dépôt des candidatures pour les repreneurs a été atteinte hier, et les membres de la chorale, actuellement en internat à Paris où ils reçoivent un enseignement général du CM1 à la troisième, risquent fort d’être mis au chômage. Réussir à détruire une institution artistique existant depuis cent sept ans, bel exploit ! Quelle sera la prochaine cible ? Répétons-le : ni les enfants, heureux de chanter (sinon, ils ne se seraient pas portés candidats) ni leurs parents (contents de les voir heureux) ne se plaignaient de quoi que ce soit. Donc l’incarnation de la bêtise au front de bœuf, le ministre Michel Sapin, est un fieffé imbécile. Mais ça, on le savait déjà. Lui a-t-on dit que, si on doit appliquer les lois, encore faut-il le faire avec intelligence ?
Une solution ? J’en vois deux.
La première : faire appel à Bernard Tapie. Les entreprises en perdition, il connaît. L’ennui, c’est qu’il a la charmante habitude de vendre les actifs et de refourguer ce qui reste à qui en veut. Oui, mais à qui revendre les gosses ? À l’Église, qui est toujours intéressée par les enfants de cet âge ? Mais ils en viennent, de l’Église, puisque leur directeur, durant de longues années, a été l’abbé Maillet (on lui avait donné du « monseigneur », bien qu’il n’aie jamais été évêque), et ce retour à l’envoyeur serait inélégant. Le pape n’approuverait pas.
Si bien que je ne vois plus que le Qatar. Cet achat lui coûterait moins cher qu’une équipe de football, et ce serait plus honorable. Il suffirait sans doute de modifier un peu le nom de la chorale, qui deviendrait « les Petits Chanteurs au Croissant de Bois ». Et le tour serait joué.
Ne me remerciez pas.