Mazarin sur France 2
Avant-hier soir, France 2 consacrait son émission Secrets d’Histoire à Mazarin, cardinal et Premier ministre, qui avait succédé à Richelieu, et que la reine-mère Anne d’Autriche (qui était espagnole, rappelons-le, et pas autrichienne) protégea tellement qu’on crut qu’elle avait été plus qu’une protectrice – mais c’était faux.
Mazarin, italien de naissance, a été un personnage très contrasté : fin politique mais avide de possession, il s’est prodigieusement enrichi, donnant le plus fâcheux exemple à Colbert, qu’il devait « léguer » à Louis XIV et qui agit de même. À vrai dire, ce roi lui a surtout dû son orgueil démesuré, qui l’a très vite conduit à estimer qu’il était lui-même un dieu vivant, et que la France était sa propriété personnelle. De sorte qu’il accumula les ignominies, dont l’arrestation et la détention perpétuelle de Nicolas Fouquet, qui, trop riche, avait involontairement excité sa jalousie et qu’il tenta vainement de faire condamner à mort, et la Révocation de l’Édit de Nantes, édit que le pays devait à Henri IV. Cette Révocation fut une infamie et une boulette majeure : elle provoqua l’exil de nombreux protestants, qui s’en allèrent faire la fortune des Pays-Bas !
Cette émission offrait un trait particulier : pour la première fois, elle admettait parmi ses historiens habituels un rédacteur... du « Canard enchaîné ». Il s’agit de Pierre Combescot, Prix Médicis en 1986 pour Les funérailles de la Sardine, roman assez amusant, et Prix Goncourt en 1991 pour Les filles du Calvaire, que je suis au désespoir de n’avoir pas lu. Au « Canard », il tient épisodiquement la chronique de l’opéra et de la danse, mais dans un style d’une remarquable vulgarité, bourré de références homosexuelles, dont il truffa également ses interventions sur France 2.
Et puis, cette occasion de rire sous cape : comme Mazarin a financé la construction, après sa mort, du Collège des Quatre-Nations abritant aujourd’hui l’Institut de France et donc l’Académie française, ce fut une bonne occasion pour un Stéphane Bern ébloui de nous faire visiter les lieux, et on avait l’impression qu’il venait en avant-première choisir son futur fauteuil d’académicien français – qu’il occupera, faites-moi confiance, dans un petit quart de siècle, étant donné que des Français sachant parler leur langue, il n’y en a plus tellement !