« Opération Lune »
L’été, saison des rediffusions à la radio et à la télévision, nous incite à laisser nos récepteurs éteints. Pourtant, aujourd’hui sur France Inter, il y a eu la rediffusion d’une émission de Philippe Meyer, qu’il avait consacrée à cette légende selon laquelle les premiers pas de l’Homme sur la Lune, en juillet 1969, n’avaient jamais eu lieu, et que les images qu’on en avait vues avaient été faites en studio. Meyer consacre une large part de son émission au film du documentariste français William Karel, Opération Lune.
Ce film racontait donc que les fameuses images du débarquement sur la Lune avaient été filmées à Londres par Stanley Kubrick, en échange d’une faveur : le prêt par la NASA d’un objectif à grande ouverture, qui devait lui permettre de filmer à la lumière des bougies certaines scènes de son futur Barry Lyndon. Et Opération Lune était farci d’interviews très réelles de personnages non moins réels, dont Henry Kissinger et Christiane Kubrick, la veuve du réalisateur, qui tous cautionnaient cette thèse. Du sérieux, par conséquent.
J’avais vu ce film sur Arte le soir de sa diffusion, et je l’ai d’ailleurs enregistré. Je m’étais aussi bien marré, car j’avais flairé la supercherie dès les premières minutes. En effet, Karel avait truffé son pseudo-documentaire d’allusions destinées aux cinéphiles, en donnant aux personnages qu’il citait des noms extraits de divers films très connus : Ambrose Chapel (c’est le nom... d’une chapelle dans L’homme qui en savait trop), Eve Kendall (c’est l’héroïne jouée par Eva Marie-Saint dans La mort aux trousses), et quelques autres, dont un rabbin affublé du nom d’Allen Stewart Konigsberg – qui est le vrai nom de Woody Allen ! Quant aux interviews des personnages célèbres, elles étaient réelles, mais le montage, isolant telle bribe de phrase ici et là et les assemblant astucieusement, leur faisait dire ce qu’ils n’avaient jamais pensé (tous ignoraient qu’ils participaient à un canular).
Le but de ce bidonnage : montrer par la pratique qu’on ne doit jamais faire confiance aux médias, qui peuvent vous faire prendre des vessies pour des lanternes si vous n’exercez pas un peu votre esprit critique. Son film devrait être projeté (et commenté) dans les écoles.