Se vanter d’une exécution ?
L’exécution de Ben Laden pose une question juridique assez curieuse.
En effet, un État ne peut tuer quelqu’un que s’il admet légalement la peine de mort (et si la cible a été condamnée par un tribunal), ou s’il a déclaré la guerre à un autre État. Ben Laden n’entrait dans aucun de ces cas : aucun tribunal ne l’a condamné, et les États-Unis, n’ayant aucun État en face d’eux et dont Ben Laden aurait été le chef, ne pouvaient déclarer la guerre à personne.
Certes, l’État au bras vengeur peut toujours envoyer ses services secrets pour éliminer discrètement un adversaire dangereux, c’est même très courant ; mais son représentant n’a pas coutume de s’en vanter publiquement ! Hitler lui-même, à ma connaissance, ne s’est jamais glorifié officiellement des atrocités qu’il a ordonnées.
En justifiant l’exécution de Ben Laden – et en décorant les soldats qui y ont procédé –, en se réjouissant de la mort du chef terroriste, et en prétendant que Justice avait été faite, Obama commet un acte tout à fait inédit : montrer le spectacle unique d’un Prix Nobel de la Paix se vantant d’un assassinat qu’il a ordonné !
(Je prie les éventuels imbéciles qui par extraordinaire me liraient de ne pas comprendre de travers : ce qui précède n’est nullement une défense de Ben Laden. Dès ma première phrase, j’ai bien écrit qu’il s’agissait d’une question juridique)