Sur France 2, « Soliman le magnifique »

Publié le par Yves-André Samère

Mardi dernier, l’émission Secrets d’histoire sur France 2 traitait de Soliman, volontiers qualifié de « magnifique » alors qu’il était laid comme un concerto de Schönberg (merci Desproges !). En fait, on voulait dire qu’il était fastueux, c’est-à-dire qu’il dépensait à profusion un argent qu’il n’avait pas gagné, comme tous les chefs d’État – sauf Hollande, bien sûr.

En effet, Soliman a fait construire de multiples mosquées et mausolées à Istanbul et ailleurs. Soit dit en passant, je me permets de dire que je préfère, et de loin, la Mosquée Bleue à Sainte-Sophie, tour à tour basilique puis mosquée : sa décoration est infiniment plus délicate et inventive. Mais ça ne regarde que moi.

Cela mis à part, quelles horribles mœurs ! Non, je ne parle pas de ce qu’on appelle couramment « les mœurs turques », mais de ces quelques détails auxquels nous, gens civilisés, ne nous habituerons jamais. Par exemple les harems. Sous prétexte qu’un homme ne saurait se contenter d’une seule femme, surtout si elle est vieille et laide, les sultans de cette époque (pas seulement de cette époque : le roi Hassan II du Maroc ne voyageait jamais sans ses quatre-vingts femmes, qu’il faisait loger sur un étage entier de l’Hôtel Crillon, place de la Concorde, à Paris), les sultans, disais-je, avaient un harem, et Soliman, modéré comme il n’est pas permis, se contentait de trois cents femmes. Autrement dit, guère de chance, chez ces dames, d’être honorées plus d’une fois par an ! Moyennant quoi, on les faisait surveiller en permanence par des eunuques. Il y avait deux sortes d’eunuques : les eunuques blancs, chargés de surveiller l’extérieur du harem, et qui n’étaient QUE castrés, et les eunuques noirs, chargés de l’intérieur, qui étaient carrément émasculés. Et dans leur enfance, petite opération dont on réchappait rarement.

Il existait, dans la Turquie de cette époque, une autre charmante coutume : lorsqu’un sultan accédait au sultanat, on estimait tout à fait normal qu’il élimine toute la concurrence éventuelle en faisant étrangler la totalité de ses frères. La paix des familles vaut tous les sacrifices. Or Soliman avait eu un fils légitime, Mustapha, de sa première femme ; puis il s’enticha d’une esclave, Roxelane, qu’il épousa aussi, et qui lui donna deux fils. Celle-ci, voulant jouer les Agrippine, et souhaitant que ses fils héritent du trône, poussa Soliman à faire exécuter le pauvre Mustapha, qui était pourtant d’une loyauté insensée (le François Fillon de l’époque, si vous voulez). Soliman s’exécuta, si je puis me permettre ce jeu de mots de très mauvais goût, et, dans la foulée, fit aussi étrangler le fils de Mustapha, pour plus de précautions. Ensuite, il regretta son geste et pleura beaucoup, mais le mal était fait.

À la mort de Soliman, les deux fils de Roxelane entrèrent en compétition, et que croyez-vous qu’il arriva ? L’un des deux, et le moins capable, fit étrangler l’autre !

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