Un président homosexuel ?
J’avoue : mon souhait secret est qu’un jour, nous élisions à la tête de ce pays un président homosexuel !
Attention, il ne s’agit pas chez moi d’effectuer un quelconque coming out, pour parler français. Je me fiche bien que les gens soient homos, hétéros ou bisexuels, cela les regarde et ne m’intéresse en rien. On ne juge pas autrui sur un détail aussi insignifiant et qui a sur la vie sociale aussi peu d’importance.
Certes, actuellement, il n’y a aucun candidat homosexuel avoué à l’élection présidentielle. Bertrand Delanoë, qui a brillamment court-circuité ses futurs adversaires à l’élection du maire de Paris en révélant ses goûts (sur M6, hélas !), a loupé le coche en ne parvenant pas à conquérir le siège de secrétaire du Parti Socialiste, et a renoncé à la filière qui s’attachait à cette fonction. Il finira probablement président de l’Assemblée nationale, ce qui n’est pas si mal, puisque l’Hôtel de Lassay, résidence de ce personnage officiel, est la plus belle résidence de la République, et dotée, depuis que Laurent Fabius y est passé, d’une cave impressionnante...
Non, ce qui m’intéresse, moi qui suis né futile, c’est le point suivant. Supposons que nous élisions – je donne un nom au hasard – Steevy Boulay à la présidence. J’ai cité ce garçon à cause de son âge, car cette perspective risque de rester lointaine encore quelques décennies, et parce qu’il a eu le bon sens de « sortir du placard » depuis quelques années, vu qu’il n’y perdait rien. Donc, Steevy s’installe à l’Élysée.
Comme, avec son physique avantageux, on imagine mal qu’il vive en solitaire, de deux choses l’une : ou bien il s’installe seul à l’Élysée, ou bien il s’installe avec l’homme de sa vie (de sa vie, ou d’un petit moment, comme dans Drôle de drame). Examinons ces deux hypothèses. S’il décide de vivre seul, cela fera un peu bizarre et un tantinet hypocrite : peu de présidents ont vécu célibataires, même si l’un au moins, avant Sarkozy, s’est marié durant son mandat (c’était Gaston Doumergue, lisez le livre co-écrit par Guillaume Doizy, Présidents, poil aux dents). Mais s’il décide de vivre en couple, sans doute marié puisque, entre-temps, le mariage aura été ouvert aux gays sous le quinquennat du président Hollande, comment qualifiera-t-on son compagnon dans la presse ? Je vois d’ici les réflexions des journaleux : le « premier Homme » ? Le « premier Monsieur » ? Perspective de s’amuser un brin...
(Notez que François Hollande va être confronté, toutes proportions gardées, à un problème similaire, puisqu’il n’est pas marié avec sa compagne actuelle et qu’il ne l’épousera sans doute pas, s’étant abstenu avec la mère de ses quatre enfants. Je suggère « la première Maîtresse »)