Un « soap opera », qu’est-ce vraiment ?
C’est bien à tort qu’on qualifie de « soap opera » n’importe quelle fiction télévisée venue des États-Unis. Le véritable soap opera ne dure qu’environ vingt-trois minutes et passe tous les jours à la télévision, généralement le matin ou l’après-midi. En outre, comme il se prolonge sur des années, on en compte des milliers d’épisodes. Ainsi, Guiding light (diffusé aux États-Unis pendant... cinquante-sept ans, entre 1952 et 2009), qui n’a été que partiellement diffusé en France sous le titre Haine et passion, a compté 15 762 épisodes, et c’est le record absolu. Plus connus en France sont Les feux de l’amour, qui passe toujours et vient d’atteindre son numéro 10 000, puis Amour, gloire et beauté, (6355 épisodes en juillet dernier), et Santa Barbara (2137 épisodes seulement, minable !). De soap operas français, on ne connaît qu’un seul, le célèbre Plus belle la vie, qui fait les beaux soirs de France 3.
Mais pourquoi les surnomme-t-on ainsi ? Il y a deux explications.
La première est douteuse, car trop tarabiscotée : le fait même de générer de nombreux épisodes évoquerait la mousse du savon (soap en anglais) et ses innombrables bulles. La seconde est plus prosaïque : ces feuilletons sont souvent financés par des marques de lessive, la raison en étant qu’aux heures où ils passent, seules les ménagères sont à la maison ! Effectivement, Guiding light était parrainé par Procter et Gamble.
De tout ce qui précède, on aura compris qu’il ne faut surtout pas mettre au nombre des soap operas des feuilletons et séries, même étirées dans le temps, comme naguère Dallas (357 épisodes sur treize ans) et Dynasty (220 épisodes sur neuf ans), ou, plus récemment, Dexter (pas terminé), Breaking bad (pas terminé), Desperate housewives (180 épisodes sur huit ans), Docteur House (177 épisodes sur huit ans) ou Six feet under (63 épisodes sur cinq ans). Beaucoup plus prestigieuses (et coûteuses !), ces fictions ne passent ou ne passaient qu’une fois par semaine, en première partie de soirée, et chaque épisode dure au moins quarante-cinq minutes, voire fréquemment davantage pour le premier et le dernier de la saison.
Entre les deux, il y a les sitcoms (comédies de situation), qui durent vingt-trois minutes comme les soap operas mais passent une fois par semaine comme les productions de prestige. Vous connaissez certainement Friends (236 épisodes sur dix ans) et Happy days (255 épisodes sur onze ans).
Notez qu’on ne parle pas de soap operas pour les fictions venues d’Angleterre, lesquelles sont invariablement plus courtes : le Queer as folk anglais n’a eu que dix épisodes sur deux ans (alors que sa version canado-états-unienne de 83 épisodes a duré cinq ans). Downton Abbey est tout, sauf un soap opera.