Vite, vite ! Une loi !

Publié le par Yves-André Samère

Dès la fin de l’affaire Merah, j’avais parié avec moi-même (ce sont les paris que je préfère, je gagne toujours) que Sa Majesté l’Empereur, alias Monsieur-je-légifère-plus-vite-que-mon-ombre, nous sortirait de son chapeau ce lapin pas du tout inattendu : l’intention de faire une loi. En l’occurrence, on traquerait tous les salauds qui vont sur Internet pour consulter des sites faisant dans la propagande pro-terroriste, et où l’on peut dénicher des tuyaux intéressants sur l’art de trucider son prochain. Cela ne manque pas, et j’ai moi-même recueilli quelques perles : trois textes sur l’Anarchy, quatre sur l’Assassinat dont deux sur les méthodes pour tuer silencieusement, cinq sur les drogues et deux sur l’art de forcer toutes les serrures. Précisons que tout est en anglais.

Revenons plutôt à Sa Majesté et à son projet de légiférer. Mais comment donc, cher Phare de la Pensée et  des Idées Lumineuses ! Restent pourtant deux ou trois menus obstacles, mais qui ne sauraient faire reculer votre célèbre détermination de servir et défendre le peuple français.

Le premier de ces obstacles, c’est que le Parlement est en vacances, et que l’Assemblée nationale vient même de cesser d’exister dans sa composition actuelle. La prochaine assemblée rassemblera les députés qui auront été élus en juin, et on peut parier (là aussi) qu’elle sera d’une couleur légèrement différente de celle qui vient d’expirer. En foi de quoi, s’il se trouve quelqu’un pour braver le ridicule en présentant votre projet de loi, il risque de provoquer des explosions... mais de rire.

Un autre obstacle réside en ce que votre successeur – et connaissant son caractère qui, pour ce qui est d’avoir une opinion et de la défendre, ressemble davantage au jeune prince, à la fin de La chartreuse de Parme, qu’à Napoléon ou Catherine de Russie – va sans doute réfléchir à la question et ne prendre sa décision que vers le printemps 2017.

Enfin, reste la faisabilité, comme on dit dans les journaux mieux écrits que celui-ci. On se doute bien que les fournisseurs d’accès à Internet français vont argüer qu’ils n’ont aucun moyen d’espionner des sites dont tous, sans exception, sont logés dans des pays où s’asseoir sur la loi et la morale est un sport national : Russie, Chine, Ukraine et autres lieux dont la réputation n’est plus à faire.

Non, au fond, Sarkozy aurait dû se servir des armes de dissuasion massive qu’il a sous la main, et rédiger un décret qui aurait confié le soin de surveiller les méchants à la célèbre commission Hadopi. Laquelle fait merveille, comme on le sait : pas un seul pirate traduit en justice, sauf un, qui doit passer devant un tribunal dès que les gallinacés auront des canines.

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