Chandeleur

Il paraît qu’aujourd’hui, ce serait la Chandeleur, et que la tradition, totalement justifiée par le simple bon sens, EXIGE de faire sauter les crêpes de la main droite en tenant une pièce d’or dans l’autre main. C’est raisonnable, non ? Et avec les oreilles, on ne fait rien ?

Eh bien, une fois de plus, je vais m’asseoir sur la sacro-sainte tradition. D’une part, il n’y a pas chez moi la moindre trace d’or (je vous ai raconté qu’une femme inconnue m’avait fait cadeau d’une bague en or trouvée par terre, dans la rue, et que je m’étais empressé de la perdre – la bague, pas la femme). Donc, pas de pièce d’or sous mon toit. D’ailleurs, je n’aime pas les pièces, ça troue les poches, je ne collectionne que les gros billets.

Ensuite, l’exercice que la pseudo-tradition réclame dépasse de loin mes possibilités physiques. Je suis d’une maladresse invraisemblable, et le maniement d’une poêle à frire selon le processus convenu est hors de ma portée. Comme on dit, j’ai deux mains gauches. Et si je tentais de faire sauter une crêpe, je sais bien où elle atterrirait en retombant : certainement pas dans la poêle. Plutôt par terre, ou dans l’évier, voire collée au plafond. Non, lorsque je fais des crêpes, je les retourne tout simplement avec une spatule, ces instruments sont faits pour ça. Pourquoi se compliquer la vie ?

Enfin, la crêpe est habituellement bourrée de sucre, habitude qui, au bout de quelques années, vous promet un diabète carabiné. Très peu pour moi, merci.

(J’ai laissé de côté les autres dispositions prévues par la tradition, car elles semblent avoir été imaginées par Groucho Marx : par exemple, que la première crêpe confectionnée doit être gardée dans une armoire, sur l’étagère la plus élevée, garantie qu’ainsi elle ne moisira pas, que la prochaine récolte sera bonne, et que la misère s’éloignera. Outre cela, toutes les bougies de la maison doivent être allumées, et il faut avoir gardé la crèche de Noël jusqu’à cette date ! Quand je vous disais que c’était raisonnable)