La loi, c’est la loi !
A-t-on moralement le droit de se moquer de la police et autres agents de l’autorité ? Non, bien sûr ! Mais enfin, il arrive que certains représentants des forces de l’ordre, dans leur excès de zèle, prêtent à rire. Ainsi, ces deux gardiens du jardin du Luxembourg, à Paris, dont je vous raconte l’exploit ci-dessous. J’ai moi-même, naguère, vu à l’œuvre l’un d’eux, particulièrement caricatural, et j’ai raconté cela ICI.
Donc, le 1er avril, et ce n’est pas une blague, un père de famille, Frank Talleu, venu de province passer à Paris le lundi de Pâques avec sa femme et ses six enfants (oui, ça existe), est interpellé au jardin du Luxembourg par deux gardiens qui lui demande de « couvrir » ou d’« enlever » son sweat-shirt, parce que le dessin qu’il affiche « peut choquer ». Le vêtement fait-il l’apologie d’Al-Qaida ? Ou de Mélenchon ? Est-il orné d’un pictogramme obscène ? Non, il est simplement décoré du dessin d’un homme et d’une femme se tenant par la main, avec leurs deux enfants.
Vous avez reconnu le logo souvent affiché par les personnes qui ne veulent pas du mariage pour les homosexuels. Ce sweat-shirt a été offert à M. Talleu par ses enfants, de dangereux terroristes de toute évidence (le dernier a six ans, on les connaît, à cet âge, y a pas plus sournois).
Le délinquant refuse d’obtempérer, demande des précisions sur cet affreux délit qui met en danger la République, mais rien n’y fait, on le traîne au poste, où on le garde une heure et où on lui colle un procès-verbal (montant de l’amende : non précisé). Le criminel mentionne sur le rapport qu’il n’est pas d’accord, comme il en a le droit, mais le gardien, qui jouit d’une « compétence judiciaire » ( un gardien de square, ne riez pas !), gagne ce combat homérique, digne du Boileau du Lutrin : le père de famille repart après avoir dû retirer son vêtement, condition sine qua non de sa libération.
Force reste à la loi. Ou plutôt à ses représentants. Qui la représentent si bien.