Quand le Vatican prohibait... la Bible !
Il y a six mois, j’ai rédigé un article sur l’Index, liste d’auteurs et de livres dont la lecture était susceptible de nous valoir la damnation éternelle. Cette liste était établie par un organisme vaticanesque chargé de veiller sur nos âmes, qui fut d’abord l’Inquisition, avant d’être établie par le Saint-Office, lequel fut appelé plus tard Congrégation pour la Doctrine de la Foi, puis aboli par le pape Paul VI en 1966. Abolition qui relevait du bon sens, car les temps avaient changé, se procurer n’importe quel livre était devenu trop facile, et en interdire la lecture valait à cette Congrégation un solide ridicule, surtout si l’on songe qu’elle avait oublié de prohiber Hitler !
Or, en rédigeant mon article, je n’avais pas tout dit, désireux d’éviter un texte trop long (en pratique, la hauteur d’un écran). Voici donc ce que je n’avais pas inclus dans mon texte, et j’espère que vous êtes assis.
Pourquoi tant de livres ont-ils été interdits ? Pour deux raisons essentielles. La première remonte au douzième siècle, quand l’Inquisition, qui n’admettait que les Bibles en latin, se mit à redouter des interpolations (j’y reviendrai, car ces inclusions parasites dans le texte d’origine sont nombreuses, et beaucoup de croyants ignorent ce détail), voire des modifications à intention hérétique. N’autoriser que les Bibles recopiées (à la main !) par des religieux permettait d’éviter tout danger, ou presque. La seconde raison, survenue plus tard, à l’époque de la Réforme, fut un peu plus gênante à justifier, car elle reposait sur le fait que l’esprit critique des lecteurs se développant au rythme des progrès de l’instruction, beaucoup trop de fidèles risquaient de faire des comparaisons entre ce que disait la Bible et ce qu’enseignait l’Église ! Il est en effet impossible de ne pas voir, dans le texte dit « sacré », des horreurs – par exemple l’antijudaïsme effréné de l’évangéliste Jean – qui contredisent radicalement les enseignements de Jésus lui-même ! C’est même ce phénomène qui a provoqué la scission entre catholiques et protestants.
Il s’ensuit, et c’est là le fait stupéfiant dont je ne vous avais pas parlé, que la Bible elle-même a figuré au nombre des ouvrages interdits par l’Index !
Avouez que vous ne vous en seriez pas douté, et que votre curé ne vous en a jamais parlé. Ça vous étonne ?