Vous êtes deux cent mille !

Non, ce titre ne s’adresse pas à mes lecteurs !

Hier, on a bien ri. À peine débarqué sur le podium, place du Trocadéro, Sarkozy a lancé aux manifestants qu’il avait convoqués : « Vous êtes deux cent mille ! ». Il compte bien. Et vite. Mais d’autres comptent mieux, et ont observé que la place du Trocadéro, vu ses dimensions, ne peut pas contenir plus de trente-deux mille personnes, disons quarante ou cinquante si on y ajoute le début des avenues qui y aboutissent et si on n’y envoie que des personnes de la taille du président.

C’est ainsi que, pour son Petit Journal, le soir même, Yann Barthès a fait calculer que, même pour ce modeste résultat, il aurait fallu entasser neuf personnes sur un mètre carré. Et, pour montrer l’effet que cela ferait, il a fait dessiner sur le sol du studio un carré d’un mètre de côté, puis a invité neuf membres de son équipe à y prendre place. Impossible, même en restant immobile. Alors, si on applaudit et qu’on agite des drapeaux, comme on l’a vu faire à la foule...

C’est que, je l’ai déjà écrit, l’arithmétique est impitoyable. Je l’avais montré au sujet de la manifestation gaulliste du 30 mai 1968 et son célèbre million de patriotes. Comme il est équitable de ne pas taper toujours sur les mêmes, j’avais aussi raillé les exagérations des journaux de gauche, qui avaient « vu » deux mille manifestants devant Radio-France, en faveur de Porte et Guillon, le 1^er juillet 2010. Là, il fallait diviser cette donnée par quatre ou cinq, après évaluation de la surface du lieu très exigu, avenue Kennedy. Enfin, j’avais soupçonné que les catholiques avaient des visions dignes de Lourdes en imaginant eux aussi un million de personnes (décidément !) sur la place Saint-Pierre, à Rome, pour applaudir le pape lors de la béatification de Jean-Paul II, il y a un an.