Déboulonnons : Orson Welles
C’est toujours un peu éprouvant de découvrir qu’un homme que l’on admirait pour ses qualités d’artiste n’est pas, moralement, à la hauteur de ce qu’on attendait. Ainsi, tenez, Orson Welles. Depuis toujours, je le considère, avec le reste des amateurs de cinéma, comme l’un des plus grands artistes du monde. Mais je découvre que c’était, en privé, un sale type, très imbu de sa personne, méprisant envers la totalité des gens de son métier – la liste est longue –, et surtout, raciste. D’ailleurs, il le dit carrément : « Je ne crois pas que tous les peuples et toutes les races soient pareils. Je suis profondément convaincu que c’est un mensonge complet. Je pense que les peuples sont différents [Et, parlant de l’acteur Spencer Tracy :] Je le hais à un point... Parce que c’était un de ces foutus râleurs d’Irlandais. [À un ami :] Je suis raciste, tu sais. Tu veux la recette de l’omelette hongroise ? “Pour commencer, vous volez deux œufs...” [...] Mais quand je pense à Tracy, je vois que tout ce qu’il y a de haineux en lui est irlandais. [...] Il n’y a pas de preuves, évidemment. [...] Je pense que tout le monde devrait avoir des préjugés. Je crois que ne pas reconnaître qu’on en a, c’est ne pas être humain. [...] En fait, je n’ai jamais eu de problèmes avec les types d’extrême droite. Je les ai toujours trouvés énormément sympathiques, à tous égards, excepté leurs idées politiques. Ils sont généralement beaucoup plus agréables que les gens de gauche ».
Ce dernier propos me rappelle Serge Moati au Fou du Roi, où il avait déclaré que Jean-Marie Le Pen était un type sympathique et cultivé.
J’aurai encore des tonnes de choses à dire sur Orson Welles. Sa seule excuse, c’est qu’il mentait tout le temps, et donc il a peut-être exagéré son côté réactionnaire.