Hedy Lamarr, actrice (et inventrice)

Publié le par Yves-André Samère

Connaissez-vous Hedy Lamarr ? Oui, puisque vous avez lu mon article sur Samson et Dalila, film de Cecil B. DeMille où elle jouait... Dalila ! Précisons qu’elle a été, au temps où Hollywood faisait encore de vrais films et pas uniquement de grosses machines destinées à faire vendre des produits dérivés, « la plus belle femme du monde ». C’est du moins ce que disait Louis B. Mayer, la patron de la MGM. En toute honnêteté, elle était en effet plus belle que Marlène Dietrich ou Marylin Monroe, et je ne vois guère qu’Yvonne de Carlo pour avoir été à son niveau. Et, coïncidence, les deux ont joué pour DeMille...

Or, pour une fois, je ne vais pas axer mon article sur la carrière cinématographique d’Hedy Lamarr, ce que je ferai sans doute un autre jour. Signalons simplement qu’elle a été la première vedette de cinéma à se montrer nue, dans Extase, en 1933. Mais se montrer nue dans un film, toutes les vedettes l’ont fait, même Edwige Feuillère – seule Pauline Carton a résisté à la tentation –, et je ne désespère pas, un jour, de vous montrer une scène où Annie Girardot et Alain Delon se montrent ensemble et sans le moindre voile ni la moindre feuille de vigne dans une scène de bain de mer (dans Traitement de choc, d’Alain Jessua). Non, il me semble plus intéressant, pour aujourd’hui, de vous montrer que toutes les actrices ne sont pas idiotes, bien au contraire !

Dans les années 1940, Hedy Lamarr s’est intéressée à la physique plus qu’à son physique, et a montré de la passion pour un système de codage des transmissions ; elle aurait beaucoup plu à Alan Turing, s’il n’avait pas été homosexuel. Il s’agissait d’un « commutateur de fréquences » ou « étalement de spectre », ledit spectre n’ayant rien à voir avec les fantômes et tout avec les ondes électromagnétiques : la fréquence changeait parmi 88 longueurs d’ondes différentes (88, parce que c’est le nombre de touches d’un piano, or il y a un rapport), et la torpille qui en était équipée aurait été indétectable. Mais il est honnête de reconnaître qu’elle n’a pas commencé par cela, puisqu’elle avait d’abord tenté de créer une boisson, un genre de Coca-Cola qui, hélas, s’avéra imbuvable. Mais enfin, Einstein jouait bien du violon ! Après cela, sans doute échaudée, elle changea de direction, et mit au point, avec l’aide d’un autre artiste, le compositeur George Antheil, un système de codage fondé sur des recherches qui avaient été refusées par la marine des États-Unis. Son invention aurait permis aux sous-marins de communiquer secrètement et de radioguider leurs torpilles, et donc, de combattre les nazis. Elle déposa même un brevet intitulé Spread Spectrum, le 10 juin 1941, mais rien n’y fit, et la Navy le fit classer Top Secret – ce qui semble impliquer qu’il avait néanmoins quelque intérêt.

Or, des années plus tard, en 1962, la Navy cherchait à mettre au point un sonar pour détecter les sous-marins et transmettre les informations aux avions, ce qui nécessitait une transformation de la fréquence des ondes. On déterra donc son brevet, on l’appliqua, notamment pendant la crise des missiles de Cuba, mais trop tard, l’actrice ne s’y intéressait plus. Elle accepta tout au plus de recevoir par téléphone un prix décerné par l’Electronic Frontier Foundation, en 1997. Il faut dire qu’à 80 ans, elle ne souhaitait plus paraître en public. Mais enfin, les téléphones mobiles et le wifi que vous avez chez vous utilisent son brevet pour améliorer leurs communications avec les émetteurs

Tout cela est raconté dans un livre, Hedy’s folly: The life and breakthrough inventions of Hedy Lamarr, the most beautiful woman in the World, écrit par un lauréat du Prix Pulitzer, Richard Rhodes.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Il manque le '.eu' dans le lien de cet article (http://www.kinopoivre.eu/classiques/samson-et-dalila.php)...<br /> <br /> J'interviens plus d'un mois après la parution de l'article, j'ai du retard dans la lecture de vos articles, mais je tiens à les lire tous !
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Y
Merci pour cela et pour la correction. Tout est rentré dans l’ordre, à présent.