Ingrid Bergman, actrice
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Jeudi soir, Ciné+ Classic diffusait Jeanne d’Arc, avec Ingrid Bergman, un film pas très bon d’ailleurs (voir plus loin ce qu’Hitchcock en pensait), et, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, le festival de Cannes, qui a commencé mercredi, affiche son visage partout, extrait d’une photo de famille de l’actrice. Elle était suédoise, tout comme Greta Garbo, mais a connu une carrière bien plus longue : cinquante-deux films et téléfilms entre 1932 et 1982, contre trente-deux entre 1920 et 1941 chez sa rivale, née dix ans plus tôt et morte huit ans plus tard, en 1990. Et comme elle a été une immense vedette, la mieux payée des États-Unis, son salaire le plus élevé, pour La Rolls-Royce jaune, en 1964, a été de 275 000 dollars ; un film très moyen, mais bourré de vedettes. La même année, elle avait tourné un film bien meilleur, The visit (en français, La rancune, d’après la célèbre pièce de Friedrich Dürrenmatt La visite de la vieille dame).
Au cinéma (mais elle a aussi joué au théâtre, y compris à Paris et en français, avec Thé et sympathie), les réalisateurs se la disputaient, car elle avait beaucoup de talent, et elle a failli être l’actrice ayant reçu le plus d’Oscars – trois –, mais Katharine Hepurn l’a coiffée au poteau avec un de plus !
Orpheline, après avoir débuté sur scène à dix-sept ans, elle fut engagée l’année suivante au Swedish Royal Theatre, sans vraiment apprécier l’expérience, mais elle dut attendre encore trois ans avant de débuter au cinéma. Par chance, David Selznick, le producteur d’Autant en emporte le vent, vit l’un de ses films suédois et lui envoya un contrat pour Hollywood. Ce qui lui valut de tourner trois fois sous la direction d’Alfred Hitchcock, en 1945 avec Spellbound (en français, La maison du docteur Edwardes), en 1946 avec Notorious (chez nous, Les enchaînés, le meilleur des trois), et Under Capricorn en 1949 (le moins bon, Les amants du Capricorne). De ce dernier film, Hitchcock a dit qu’il avait fait une erreur en croyant que, ce qui était important, c’était de tourner avec elle, alors qu’elle ne désirait jouer que des personnages historiques comme dans Jeanne d’Arc, qui était précisément « une stupidité » ! En tout cas, son meilleur film – c’est mon avis – fut Casablanca, tourné en 1942 avec Humphrey Bogart. Une œuvre absolument parfaite, mais le bruit avait couru, avant le tournage, que ce serait Ronald Reagan qui jouerait Rick ! Comme quoi, il y a un dieu pour les cinéphiles.
Ingrid s’est mariée trois fois, et son second mari, Roberto Rossellini, réalisateur de cinéma, l’avait fait tourner dans Stromboli, avant de la réemployer dans un autre film sur le même personnage de la Pucelle d’Orléans, Jeanne au bûcher. Si bien qu’on a vu cette circonstance très rare : la même interprète incarnant deux fois le même personnage historique ! Je ne vois guère que Romy Schneider, jouant quatre fois Sissi, pour avoir fait mieux.
À propos de ses Oscars, son dernier lui a été décerné en 1974, pour le personnage d’infirmière très perturbée qu’elle jouait dans Le crime de l’Orient-Express, où elle était l’un des douze meurtriers ayant expédié ad patres un horrible assassin d’enfant. Si-si ! Son jeu était si accentué qu’un critique avait écrit d’elle qu’elle « courait après son Oscar », et... elle l’a eu.
Née la même année qu’Orson Welles, elle est morte à Londres un 29 août, le jour de son soixante-septième anniversaire.