Détester François Morel

Publié le par Yves-André Samère

Aujourd’hui sur France Inter, Nagui et La bande originale ont pour invité François Morel. Voyez le hasard, hier, un visiteur de ce bloc-notes a déposé un commentaire franchement hostile au meilleur humoriste du pays (mais non, pas Nagui). Il prétendait, ayant lu mon coup de griffe en direction de Guy Bedos, avoir écouté « la seule fois de [sa] vie » une chronique de Morel, et, quel miracle, de cet humoriste qui en a écrit des centaines, il est tombé sur la seule dans laquelle une gosse d’une dizaine d’années était traitée par lui de « petite conne » – ce dont il s’est excusé la semaine suivante, mais mon perturbateur ne le savait pas à ce moment-là. Il s’agissait, vous vous en souvenez peut-être, de cette petite fille qui, bien dressée par ses parents manifestant contre le mariage gay, avait publiquement comparé Christiane Taubira à une guenon. La classe, en somme. Et mon commentateur concluait ainsi : « Voilà,  c’est comme ça que j’ai appris le nom de François Morel, et je l’ai trouvé d’une telle médiocrité en cette occasion que j’ai soigneusement évité de le réécouter depuis ». Et en effet, pour connaître le travail d’un artiste, rien de mieux que de l’écouter une seule fois et d’éviter ensuite de le réécouter. Mais admirons cette vivacité : il n’a jamais entendu parler d’un artiste, et il déniche du premier coup sur YouTube un enregistrement qui le dessert ! Espérons que le prix Pinocchio ira cette année à ce valeureux chercheur.

Il se trouve que, doté d’une mémoire qui fonctionne assez bien, je pense avoir reconnu ce visiteur, à la fois par son pseudo, et par son style : il écrit bien mais pense mal, et se montre constamment agressif. Il y a quelques années, il venait régulièrement ici, et seulement pour m’apporter la contradiction. Et, comme je l’avais remis à sa place deux ou trois fois, il avait renoncé et n’était plus venu donner son avis. J’ignore par quel phénomène il a ressurgi, et comme je lui ai hier soir répondu vertement, il a riposté vingt-sept minutes plus tard, à minuit moins six (eh oui, les heures de dépôt des commentaires sont enregistrées), ce qui semble indiquer que mes petits écrits l’obsèdent, y compris la nuit ! J’en serais très flatté, naturellement, si ce n’avait été pour me porter ce coup mortel : il m’annonce qu’il ne viendra plus « en ces lieux car la bêtise et la malhonnêté intellectuelle aussi sont contagieuses ».

Ciel, que vais-je devenir, sans un roquet qui m’aboie aux basques ? Fort marri, je m’abstiens de répondre, comme Robert Ménard à un immigrant clandestin : « Vous n’êtes pas le bienvenu ici ».

Publié dans Mœurs, Actualité, Culture, Humour, Radio

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