Déboulonnons : Victor Hugo

Publié le par Yves-André Samère

Je sais, je sais, en France, on ne dit pas plus de mal de Victor Hugo qu’on n’ose dénigrer De Gaulle ; ou, partout dans le monde, qu’on ne se risque à dire que « Mère Teresa » était une mégère très à droite et sans cœur, surtout soucieuse de se fabriquer une réputation totalement injustifiée de sainte, grâce à son talent de manipulatrice des médias, en quoi elle a encore mieux réussi que son amie Lady Di, pas plus recommandable.

Mais enfin, si je vise Hugo, ce n’est pas l’écrivain sur qui je fais quelques restrictions. Je l’ai lu, j’ai vu plusieurs de ses pièces, j’ai même ingurgité la lecture de sa pièce Les Burgraves, qu’aucun metteur en scène n’ose monter tant sa réputation de ridicule apparaît justifiée ; et je n’objecte rien sur son génie littéraire. En revanche, l’homme privé autant que le citoyen appellent quelques critiques.

L’homme privé a toujours eu une vie scandaleuse, qui préfigurait celle de Dominique Strauss-Kahn. Je n’insiste pas, chacun connaît son comportement et son manque de tenue. Mais cet homme intelligent était également assez sot pour croire au spiritisme, et faire tourner les tables afin de parler aux morts. Et, dans ce domaine, je ne vois guère que Conan Doyle, qui croyait à la réincarnation, pour avoir poussé la jobardise aussi loin.

D’ailleurs, peu importe, cela ne concernait que lui-même et son entourage. En revanche, dans le domaine politique, Hugo a tout fait ! Il a d’abord été le poète quasiment officiel du roi Louis XVIII, qui l’en a remercié en lui offrant une pension à vie. Puis il s’est mis au service de son successeur très réactionnaire Charles X, pour le couronnement duquel il a écrit une Ode au dernier Bourbon, en remerciement de quoi le roi lui remit la Légion d’Honneur, et fit fabriquer, pour le lui offrir, un service de table réalisé par la manufacture de Sèvres. En 1830, lui qui était légitimiste devient orléaniste, et se met au service du roi Louis-Philippe, qui le fait entrer à l’Académie française.

En 1848, c’est magnifique : Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République, au grand enthousiasme du père Hugo, qui s’empresse de lui demander le poste de... ministre de l’Instruction publique. Mais, par deux fois, le tout nouveau président refuse, et Hugo, mortifié, passe à l’opposition et appelle le peuple à s’insurger ! Lui ne s’insurge pas, mais réclame d’être arrêté par un commissaire de police, qui rigole et fait valoir que l’écrivain n’est pas assez dangereux pour ça.

Du coup, humilié, Hugo fait savoir qu’il s’exile. Volontairement, car le Pouvoir ne lui fait aucun ennui. Hugo s’installe dans les îles Anglo-Normandes, où il aura plusieurs domiciles, exil qui ne l’empêche pas d’être publié librement en France et de faire jouer sa pièce Marion de Lorme à la Comédie-Française, spectacle que Napoléon III, ancien président honni, va voir et applaudit. Et, en 1867, le même Napoléon III « le Petit » le charge d’écrire la préface du guide officiel de l’Exposition universelle qui devait se tenir à Paris du 1er avril au 3 novembre 1867. Et il fait imprimer ses œuvres afin qu’elles servent aux prix officiels de l’Université.

On a connu des tyrans plus rancuniers, et des exilés davantage persécutés !

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K
En 1948, c’est magnifique : coquille (enfin, j'en tiens une)
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Y
Je fais très souvent ce genre de faute ! Que je corrige dès qu’on me la signale.
D
Toujours eu du mal avec Victor Hugo, tant par sa poésie que par ses textes, du moins le peu que j'ai lu. Quant à ses portraits en poète tourmenté, dont l'intelligence fait pencher une tête trop pleine...
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Y
Chut, faut pas le dire trop fort !