L’effet de serre
L’effet de serre, c’est comme la langue d’Ésope : à la fois utile et néfaste. Je détaillerai cette nuance dont on nous parle assez peu, mais une autre fois, car, pour le moment, il faut définir ce qu’est l’effet de serre. Voici donc quelques précisions.
La Terre reçoit du Soleil, notre étoile, à la fois la lumière et la chaleur. Or la chaleur du Soleil ne nous parvient pas par contact, puisqu’il n’y a pas d’air entre ces deux objets : elle nous parvient par l’intermédiaire des rayons infrarouges, qui sont une catégorie des rayons électromagnétiques, dont la lumière visible n’occupe qu’une petite fraction. Autrement dit, nous ne voyons pas les rayons infrarouges – pas plus que les rayons ultraviolets ou les rayons X –, mais leur effet se fait bel et bien sentir. Ainsi, les rayons infrarouges frappent la surface de la Terre, qui se réchauffe. Mais notre planète, selon que sa surface est plus ou moins claire, agit un peu comme un miroir ou un de ces réflecteurs utilisés au cinéma ou en photographie : elle renvoie vers l’espace une partie des rayons infrarouges qu’elle a reçus, ce qui, au passage, nous évite de rôtir. Cette faculté de renvoyer les rayons, ce pouvoir réfléchissant, s’appelle albedo ou albédo, ce qui signifie blancheur (en latin, alba signifie blanc). Par exemple, l’albédo de la Lune, le pourcentage de rayons infrarouges renvoyés, n’est que de 7,3 %, alors que, pour la Terre, on atteint 30 %. Plus la surface qu’ils frappent est blanche, plus l’albédo est efficace. Et donc, aux pôles couverts de neige ou de glace, l’albédo est de 87 %, et la Terre renvoie vers l’espace davantage de chaleur que partout ailleurs, ce qui, soit dit en passant, contribue à refroidir encore plus ces régions.
Tous les rayons ainsi réfléchis repartent-ils d’où ils sont venus ? Non, car ils trouvent en chemin un obstacle : l’atmosphère. Et certains des gaz qui le composent – pas tous, mais j’en parlerai dans une autre notule, et vous verrez que c’est assez amusant – ont cette propriété de renvoyer vers le sol les rayons qui ont tenté de s’échapper. Donc la chaleur revient vers la Terre, et c’est cela qu’on appelle « effet de serre », par analogie avec les serres de jardin, qui servent précisément à augmenter la chaleur où baignent les végétaux ayant besoin de chaleur. Et nous aussi, nous avons besoin de chaleur, car, sans l’effet de serre, la température moyenne de la Terre ne serait pas de 15°, mais de... -18° ! La situation dans laquelle nous nous retrouverions alors serait un peu celle que Georges-Jean Arnaud décrit dans les dizaines de tomes de sa Compagnie des Glaces, dont je vous ai déjà parlé...