Drame en cinq actes

Publié le par Yves-André Samère

Voici comment, larguant la maison de convalescence où l’on mangeait et dormait si mal, je suis rentré chez moi aujourd’hui :

- Acte I : dans la chambre voisine de la mienne, l’inutile générateur de bips se détraque, et on ne peut plus l’arrêter. Le technicien de la maison est incapable de réparer, et il fait appel à un technicien de l’extérieur, qui viendra quand il pourra. Il est plus de huit heures du soir, et, redoutant une nuit blanche, je décide d’aller dormir ailleurs. Muni d’une couverture et d’un oreiller, je trouve, dans le bâtiment voisin, une petite salle d’attente déserte, avec un fauteuil confortable et des chaises. J’éteins la lumière et m’installe. Pas terrible, mais supportable.

- Acte II : j’ai fait l’erreur, ne pouvant m’endormir, d’aller voir dans mon couloir si les choses se sont arrangées, mais non, les bips continuent. Hélas, un vigile et une fille de service m’ont vu pointer le nez au bout du couloir, et me suivent jusqu’au lieu où je tentais clandestinement de dormir. Explications, et tous deux se montrent plutôt conciliants. Mais une infirmière arrive et raconte que l’avarie a été réparée. Je suis les trois personnages jusqu’à mon couloir, et, en effet, le bip ne retentit plus. Je me recouche dans mon lit, mais les conversations de couloir persistent jusqu’à dix heures et demie ou onze heures.

- Acte III : d’autres bips, provenant d’une autre chambre, me réveillent. Il est deux heures du matin, et aucune infirmière ne se rend là où on l’appelle. Je cherche la responsable, la trouve, et elle prétend que cela ne dure que depuis dix minutes – elle ment – avant de couper le bruit infernal. Je commence à envisager de partir dès le matin, renonçant à la prise de sang du lundi.

- Acte IV : je suis décidé à partir, et prends à témoin les deux jeunes infirmières – dont Pascale qui m’a à la bonne – venues me prendre ma tension et mon taux de glycémie. Elles conviennent que les bips sont très pénibles. Il est sept heures du matin. Je me lave, m’habille et patiente un peu.

Acte V : comme je m’en doutais, la doctoresse qui me suit depuis mon arrivée est absente pour tout le week-end. Pas question d’attendre son retour, au risque de devenir cinglé, et je vais annoncer au type, sans doute un docteur, qui occupe son bureau que je pars. « Pour où ? », demande-t-il comme si ce n’était pas évident. Je rétorque que je rentre chez moi, et ne donne aucune justification, car le type est désagréablement agressif. Il me dit que je ne peux pas le faire, qu’« un hôpital n’est pas un hôtel » (en effet, dans un hôtel, on n’empêche pas les gens de dormir), et qu’il me faut la permission de mon docteur, qui ne sera là que dans deux jours. Ben voyons. J’ai la loi pour moi puisqu’elle prévoit que tout citoyen a le droit d’aller où il veut (s’il ne vit pas en prison), donc je ne discute ni ne négocie, et confirme que je pars. Il me traite alors de « connard ». Bonheur d’avoir affaire à des gens si bien élevés. Mais, comme il n’a pas pu me retenir, je ne serai pas le « Connard enchaîné », le plante là, ramasse mes affaires et file au bureau d’accueil pour commander un taxi.

Alors qu’il y a ici des gens que j’aime bien, je n’ai pu dire au revoir à personne, puisque tout le monde est absent pour le week-end. Un taxi arrive et m’emmène à Paris, sur une autoroute embouteillée par les départs en vacances.

Ouf ! De retour chez moi. Mon téléphone fixe déborde d’appels inaboutis, et ma boîte aux lettres, de publicités. Mais peu importe. Il est midi, j’allume la radio, la corvée est terminée.

Publié dans Santé, Mœurs

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Bon retour chez toi !<br /> Et profites en bien pour faire quelques festins (j'allais écrire agapes, jusqu'à ce que je le lise ce que ça voulait dire réellement, et ça ne te correspond pas) pour oublier Sodexo, les poireaux et les oignons cuits !
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Y
Ah non, désolé, le Quick, en face du Père Tranquille, a été détruit il y a des années, avec tous les bâtiments extérieurs du Forum des Halles. Les nouveaux commerces seront inaugurés la semaine prochaine par LE maire de Paris – bien que leur construction soit loin d’être achevée. Le Quick le plus proche est Rue Rambuteau, en sous-sol, face au Pompidolium.
D
Tu as un Mc Do rue Berger et un Quick rue Lescot. Je pense que tu pourras faire ripaille à n'en plus finir !<br /> Sans compter les innombrables Kebabs de la Rue Saint Denis !
Y
Merci. Tu n’imagines pas comme je me sens mieux. Quant aux festins, je compte me gaver de frites avec beaucoup de ketchup. Tu connais un McDo dans mon quartier ?
D
Le crétin : "pour où ?" fallait répondre "faire du trekking dans l'Himalaya". Quant au qualificatif dont il vous a affublé... classe.<br /> L'établissement perd au moins deux jours de pension, vous ne vous rendez pas compte ? Je suppose que si vous dépensiez cette somme en nourriture pour vous remettre de Sodexo, vous en auriez pour au moins un mois de provisions.
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Y
Rassurez-vous : si j’avais fait les choses régulièrement, on m’aurait ramené chez moi en ambulance. Là, j’ai réglé de ma poche les quatre-vingt-dix euros de taxi. Donc j’ai fait économiser de l’argent à la collectivité. Je réclame une médaille.