Époque trouillarde : 2. le principe de précaution

Publié le par Yves-André Samère

Le principe de précaution a été formulé il y a près d’un quart de siècle, dans le traité de Maastricht, et il a fait des ravages. Je ne dis pas que c’est mal de prendre des précautions, et, par exemple, en matière de contraception, il est bénéfique. Mais on est allé trop loin, et, appliqué à tout, et surtout à tort et à travers, il a stérilisé pas mal d’activités : chaque semaine, au sein d’une kyrielle de ministères, il se trouve quelque andouille pour imaginer une nouvelle interdiction, au point qu’on en est arrivé à cette situation absurde : qu’on a désormais un mal de chien pour trouver un candidat au poste de maire dans les petites localités. Trop dangereux ! Au moindre accident imprévu, les plaintes et poursuites en correctionnelle s’abattent sur le malheureux qui n’a pas TOUT prévu. Désormais, l’innovation fait peur, le progrès inspire de la méfiance, l’audace est considérée comme une imprudence, la démarche scientifique est suspecte, la réforme est taboue et attentatoire « aux » libertés. Et la raison est soumise à la démocratie revue par les frileux. À la dictature des sentiments.

(Écoutez parler les hommes politiques : ils ne disent plus « Je suis persuadé de... » ou « Je suis certain de... » ; ils disent « J’ai le sentiment que... ». On n’appartient plus à un parti politique, on relève de telle ou telle « sensibilité »)

Tout ça est d’autant plus ridicule que les décisions ne sont plus prises parce qu’elles sont raisonnables, mais parce que les sondages indiquent que l’opinion publique y est favorable. Telle loi déplaît à tel syndicat, telle mesure utile donne de l’urticaire à telle catégorie de travailleurs ? On la supprime pour ne pas « choquer » la sacro-sainte opinion, composée de centaines de milliers d’experts en tout. Songez qu’un simple citoyen peut saisir les tribunaux administratifs s’il estime que l’État ou les collectivités territoriales n’ont pas pris toutes les précautions que LUI estime indispensables ! Mais au nom de quelle compétence ?

Et c’est bien au nom du principe de précaution qu’on projette de fermer les centrales nucléaires, alors qu’il n’y a jamais eu le moindre décès dans les nôtres, et d’interdire les OGM, qu’on assimile à des poisons alors que jamais leur nocivité n’a été prouvée.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
Je sais votre dyslexie; moi-même en tant que gaucher contrarié, je connais !
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Y
Je suis donc droitier contrarié. Bien que je voie pas en quoi on ait pu me contrarier !
C
novicité, trop mignon !
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Y
Merci. Rien à voir avec ma « novicité », c’est plutôt ma dyslexie galopante ! J’ai corrigé.