Retirera, retirera pas ?

Publié le par Yves-André Samère

Dans le sein du cadre de sa grande campagne À-chaque-jour-sa-nouvelle-fausse, France Inter, ce matin et pour notre plus grand bonheur, nous a régalé d’une annonce dont j’ai compris qu’elle était bidon avant même que le spiqueur ait terminé sa phrase, et je vous explique plus loin pourquoi. Teneur de l’info, comme il faut dire quand on parle couramment l’argot du milieu journalistique : le 13 juillet est sorti un film, Bastille Day, dont le distributeur, Studiocanal, a demandé hier aux salles de cinéma de le retirer de l’affiche. Motif : respecter les victimes de la tuerie de Nice.

D’abord, cette expression, « Bastille Day », désigne le 14 juillet pour les Amerloques, car ces primaires, qui ne savent seulement pas où se trouve l’Europe, n’ont pas encore compris que ce jour-là, on ne commémore PAS la prise de la Bastille de 1789, mais la Fête de la Fédération de 1790. Et, dans le film, on a placé cette erreur historique dans la bouche du ministre de l’Intérieur français – joué par José Garcia, c’est dire si c’est crédible (espérons que Cazeneuve est un peu plus cultivé, au moins en matière d’Histoire ; sinon, qu’il demande à Stéphane Bern). Ensuite, ce film, déjà projeté en salles depuis le 13 juillet et qui est censé se passer précisément un 13 juillet, comporte une scène dans laquelle une bombe explose à Paris, sur la place Maurice-Chevalier (elle n’existe pas à Paris, il y en a une à Nogent-sur-Marne), et tue quatre personnes, par erreur, car ce devait être un attentat bidon, monté par des policiers agissant pour le compte du ministre de l’Intérieur, lequel voulait simplement faire diversion au moment où ses complices pillaient... la Banque de France. De plus en plus crédible.

Donc, il s’agit d’une comédie policière très invraisemblable et plutôt agitée, pas désagréable, plutôt amusante par ses excès, mais qui, à aucun moment, ne fait la moindre allusion aux victimes d’un attentat islamiste. Et la nouvelle du retrait injustifié de ce film est parue hier soir, sur Internet, dans les sites des journaux, où je l’avais lue. Or, ce matin, en consultant les programmes de cinéma, j’ai pu constater que le film n’avait pas été retiré du tout, qu’il passait dans cent douze salles de vingt-et-une villes en France, dont quatre à Paris, et j’ai pu ensuite le voir dans la plus grande salle de l’UGC des Halles (cinq cents places).

On voit par là, comme dit Philippe Meyer, que vérifier une nouvelle est une tâche surhumaine pour les journalistes de France Inter. C’est trop difficile de trouver sur Internet le nom d’une salle et de lui téléphoner, mieux vaut piquer ses informations sur le canal le plus facilement accessible et pas forcément le plus sûr. De toutes façons, ces veaux d’auditeurs gobent tout !

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