Comment devenir scénariste de télévision
Samedi dernier, alors que je regardais sur France 3 un téléfilm d’un intérêt assez moyen, Crime dans les Alpilles, j’ai pris conscience de ce que devrait être un scénario de télévision pour satisfaire le public. En effet, dès le début ou presque, j’ai deviné qui était sans doute l’assassin de cette histoire – ce qui ne m’arrive jamais, même si je ne m’endors pas en cours de route. Et j’ai noté que tout scénariste de télé doit respecter deux principes.
Tout d’abord, le policier qui mène l’enquête criminelle doit être une femme. Souvenez-vous en la prochaine fois que vous regarderez à la télé un téléfilm policier. Ainsi, ce samedi, l’enquêteuse, qu’on appelait « Commandant », était jouée par Florence Pernel, et bien sûr, tout le monde lui obéissait bien bas. Dans d’autres téléfilms, c’est un capitaine, très improbable d’ailleurs – le capitaine Marleau, un nom calqué sur celui d’un détective d’Outre-Atlantique, nommé Philip Marlowe, inventé par Raymond Chandler et que joua Humphrey Bogart. Là, c’était Corinne Masiero.
Ensuite, le coupable. Là, c’est impératif : ce doit être le personnage qui, au début, est le plus sympathique de toute la distribution. Dans le téléfilm dont je parlais au début, c’est un jeune qui dirige un restaurant, très ouvert, aimé de tout le monde, et que nul n’aurait jamais imaginé dans un rôle de criminel, joué par Victor Pontecorvo, et qui, ici, tue trois personnes. Notez qu’il a déjà joué un rôle négatif dans L’hermine, film avec Luchini dans le rôle du président des Assises. Pourquoi l’avoir distribué (les niais disent « casté ») dans ce genre de rôle ? Évidemment, pour que les téléspectateurs ne devinent pas trop vite qui était l’assassin.
Donc, si une carrière de scénariste à la télévision vous tente, retenez bien ces deux principes. Si vous ne les respectez pas, vous ne réussirez jamais dans le métier. Comment croyez-vous qu’Olivier Marchal, ancien policier, a réussi dans le cinéma comme auteur de scénarios ? C’est lui l’inventeur de ce principe du commissaire qui est toujours le chef des gangsters. Principe que, depuis, respectent tous les scénaristes de France !