En fait, voilà :

Publié le par Yves-André Samère

L’année dernière (et les dix années précédentes), c’était « Voilà ! ». Vous n’avez tout de même pas effacé de votre mémoire les « Voilà ! » de Marie Colmant, qui nous en débitait dix par minute quand elle travaillait dans l’émission de cette pauvre Isabelle Giordano sur France Inter ? C’était inoubliable, pas vrai ?

Mais enfin, les meilleures choses ont une fin, et, en dépit de la redoutable concurrence voilà-iste, le « Voilà ! » de Marie – et de ses dizaines de concurents –, sans disparaître tout à fait, a pris un peu de recul, et s’est passablement effacé pour laisser la place à son successeur, encore plus acharné, le très mal nommé « En fait ». Désormais, pas la moindre phrase sans sa ponctuation new look : « En fait ». Tendez l’oreille, vous allez en glaner une centaine par heure, et dans tous les milieux, car cette expression, qui n’a l’air de rien, s’avère des plus contagieuses.

Naturellement, vous vous demanderez pourquoi cette invasion, pire que celle de la France éternelle par les immigrés arabes qui viennent jusque dans nos bras voler le pain des Portugais et des Italiens. La vérité est que toute phrase bien construite a besoin d’une ponctuation, et que « En fait » a été créé afin de rythmer nos tirades, quand bien même elles ne dureraient de cinq secondes. Mais c’est comme dans le métro, faut savoir s’accrocher à quelque chose si on ne veut pas choir à la moindre secousse. En somme, « En fait » sert de relais très court, permettant de rebondir à ceux qui ne savent comment terminer une phrase, et il a pris la place du point-virgule, dont nul ne sait se servir et que, un beau jour, ou un sale jour, les enjoliveurs vont faire disparaître comme ils ont tenté de faire disparaître l’accent circonflexe, ces tarés.

Bien, je pense avoir fait le tour de la question, et je ne vous embêterai plus avec cette question, à moins qu’elle soit mise (et non « qu’elle NE soit mise ») au menu du bac en juin prochain. Quoique, en fait, je n’y crois pas plus que ça.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
En fait je n'ai pas trop remarqué cette nove ponctuation peut-être parce que suis-je excédé par cette autre manie qui ponctue les dires de bon nombre de nos concitoyens et me pollue les oreilles : du coup!
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Y
J’en ai peut-être parlé. Après vérification, si je n’en ai pas parlé, j’écrirai un petit billet sur le sujet. Ce fâcheux “du coup” m’énerve aussi. Comme tous les tics de langage !