** 10 mai, lundi soir

Publié le par Yves-André Samère

Il y a environ un an, les citadins disposant d’un hôpital avaient pris l’habitude, s’ils avaient une fenêtre ou un balcon donnant sur la rue, de s’y poster afin d’applaudir ceux qu’ils appelaient les « soignants » – surtout les infirmiers et les infirmières.

Je n’ai rien fait de tel. D’abord, parce que mes fenêtres ne donnent pas sur la rue. Et aussi, parce que ces manifestations empestaient l’hypocrisie. Le plus évident, c’est que nos chers gouvernants ne faisaient rien pour écarter ces gestes, estimant qu’ils ne leur coûtaient rien, plutôt que de décider de payer mieux leurs employés ! Vous vous souvenez de ce vagabond imaginé par Rabelais, qui, n’ayant rien d’autre à se mettre sous la dent, préférait parfumer son quignon de pain à la fumée s’échappant de la cheminée d’une boulangerie (ou d’une rôtisserie, je ne sais plus) ? Le geste était le même.

Et puis, en quoi le dévouement supposé des infirmiers était-il si universel ? Pour ma part, j’en ai côtoyé quelques-uns qui ne valaient pas un dizième de ce genre d’hommage. Ainsi, tout à l’heure, dans ma chambre d’hôpital, j’ai ressenti les affres d’un mal de dents. Il était près de dix heures du soir, je suis donc allé au bureau des infirmières, que j’entendais bavarder depuis mon lit, afin de les prier de me donner un comprimé de Doliprane.

Première réaction : on ne peut pas vous en donner, le Doliprane détruit le foie. Et moi : donnez-moi quelque chose d’autre qui ne détruise pas le foie ! Réaction d’une de ces soignantes si charitable : ici, c’est la gastro-entérologie, on ne soigne pas le mal de dents. Tiens !... Moi qui pensais que les soignants avaient à cœur de soigner les malades.

Heure suivante : un infirmier vient me voir, et m’apporte... un comprimé de Doliprane ! Ce remède ne détruit donc plus le foie ? C’est prescrit, et par un médecin, me répond le type.

Tiens donc ! Une heure auparavant, il n’avait qu’un effet nuisible, et voilà qu’il est bienfaisant !

Étranges « soignants » que ceux-là. Moi qui croyais que leur vocation était de soigner toutes les souffrances...

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