Respect de la nature ?

Publié le par Yves-André Samère

Pleines de bonne volonté, les personnes qu’effraye le saccage de l’environnement, causé par l’industrie et les transports, clament volontiers qu’il faut « respecter la volonté de la nature ». Je trouve cette expression très maladroite, car elle pose un certain nombre de questions dont on n’est pas près de trouver les réponses.

D’abord, la nature a-t-elle une volonté ? Cela impliquerait, au minimum, que la nature est un être vivant ! On sait bien que quelques illuminés, partisans du new age (une philosophie évidemment venue des États-Unis, comme tout ce qui est naze), ont idéalisé la Terre, promue déesse sous le nom de Gaïa ; mais enfin, ces élucubrations ne procèdent que de ce phénomène : prendre ses désirs pour des réalités. Notre planète, la troisième en partant du Soleil, n’est qu’un modeste caillou, le Soleil lui-même n’étant qu’une étoile médiocre parmi des milliards d’autres, à la périphérie d’une galaxie parmi des milliards d’autres. Sa composition est uniquement minérale. Si la Terre était un être vivant, pour commencer, elle se reproduirait (la copulation risquerait d’être aussi amusante que mouvementée !).

Mais, à supposer que la nature possède une volonté, encore faudrait-il qu’elle l’ait exprimée. Or, pas plus que Dieu, autre chimère, la nature ne s’est manifestée pour nous faire savoir ce qu’elle souhaitait. Par quel canal, d’ailleurs ?

Néanmoins, imaginons que la nature, capable de concevoir un plan, se soit exprimée d’une manière ou d’une autre. Nouvel obstacle : qui, de tous les êtres vivants, a pu capter son message ? Existe-t-il un langage commun entre la nature et nous ? Quel Champollion a-t-il jamais déchiffré le code dans lequel elle communiquerait sa pensée ?

Enfin, dans l’hypothèse où tout ce qui précède aurait reçu une réponse, reste LA question finale : pourquoi devrait-on obéir aux ordres de la nature ? Son bilan est-il à ce point brillant qu’on doive respecter son œuvre dans son intégralité, sans toucher à quoi que ce soit ? Parce qu’enfin, nous devons à la nature ces stupéfiantes réussites que sont les cancers, le choléra, le sida, le paludisme, les ouragans, les tremblements de terre, les périodes de glaciation, les raz de marée, les éruptions volcaniques, la désertification, et pour finir, la mort.

Pas de quoi en faire une déesse !

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