Comme toujours, le « marché du siècle »

Publié le par Yves-André Samère

Fidèle à son habituel comportement modeste, Sarkozy s’est beaucoup glorifié de la bonne affaire qu’il dit avoir conclue avec son « ami » Lula, président du Brésil : l’achat par ce pays de trente-six avions de guerre Rafale, vendus par la firme Dassault, et dont, jusqu’ici, seule l’armée française a fait l’emplette... alors que le coucou existe depuis vingt-trois ans !

Heureusement pour lui, les Français n’ont pas su – ou pas cherché à savoir – les détails de cette bonne affaire. Voici donc les détails.

La France et le Brésil ont seulement « entamé la négociation » pour l’acquisition, par le Brésil, de trente-six avions Rafale, qui constitueraient la première tranche d’une commande globale de cent vingt appareils. Mais, théoriquement, le processus d’appel d’offres se poursuit jusqu’en octobre et reste ouvert aux concurrents du fournisseur français Dassault, c’est-à-dire Boeing (États-Unis) et Saab (Suède). Le Brésil n’a encore rien signé avec qui que ce soit.

Le Rafale dont il est question est produit par un groupement d’intérêts économiques réunissant Dassault Aviation, Thalès et Snecma. Participent à la construction Dassault Aviation (conception, fabrication et commercialisation), EADS (missiles), Safran (moteurs, trains d’atterrissage et freins) et Thalès (électronique de bord, radars et avionique). Afin d’emporter le marché, la France a dû faire les concessions suivantes : acheter elle-même une dizaine d’avions militaires auprès du constructeur brésilien Embraer (un comble ! Pour leur vendre des avions, il faut d’abord leur en acheter), accepter de gros « transferts de technologie », dont j’ai déjà parlé ici, et s’engager à faire travailler les sous-traitants brésiliens.

Si la vente se concluait, le contrat avec le Brésil porterait sur une somme de 5 milliards d’euros, qui profiterait, outre Dassault Aviation, à Thalès (dont Dassault possède un quart du capital) et à Safran, chacun des deux représentant alors un quart de la charge de travail envisagée.

Les premières livraisons se feraient à partir de 2013, étalées sur six ans. L’impact boursier serait négligeable, car cette commande n’ajouterait que 21 euros par action pour Dassault Aviation, qui en vaut actuellement 500 ; 50 centimes d’euros à l’action Thalès, qui en vaut actuellement 33 ; et 30 centimes pour l’action Safran, qui en vaut actuellement 13. Or les cours ont récemment grimpé de bien davantage.

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