Avoir la peau de Yann Barthès ?
En ce moment, tout le monde tombe sur Yann Barthès et son Petit Journal, que Canal Plus diffuse chaque jour ouvrable. Normal, les politiques le redoutent et le détestent, parce que Barthès fait ce que les journalistes oublient de faire : montrer les trucages et les impostures quotidiennes de la vie politique française. On lui reproche donc de ne pas être un vrai journaliste.
Or Barthès ne cherche pas à suggérer qu’il fait du journalisme, et le Petit Journal est classé, par la chaîne qui le produit, comme « émission de divertissement ». Il n’y a donc aucune tromperie sur la marchandise. Mais certains ne lui pardonnent pas de faire rire le public avec leurs propres tares, qui sont bien réelles.
Un exemple, côté pif : récemment, le Petit Journal voulait envoyer une équipe pour faire le reportage d’une visite de Mélenchon dans je ne sais plus quelle usine. Il demande donc une accréditation. On la lui envoie par courrier, avec cette précision : étant donné les délais, il n’y a plus de place pour vous transporter dans le car avec les autres journalistes, vous devrez donc vous rendre sur place par vos propres moyens. Fort bien, l’équipe du Petit Journal se débrouille avec un véhicule maison. Mais, arrivée sur place, elle constate que le car « complet » réservé aux journalistes est à moitié vide ! Première mesquinerie. Deuxième mesquinerie, plus grave, on lui interdit l’accès à la salle où Mélenchon va discourir. Aucune raison n’est donnée, on dit aux envoyés de Canal Plus que « c’est comme ça ». Ils ne peuvent donc rien filmer, et se sont dérangés pour rien. Et lorsque Mélenchon a terminé son discours et sort, on tente de lui demander pourquoi les choses se passent ainsi, mais il feint de ne rien entendre de la question et... s’enfuit. Mélenchon, tout le monde le sait, déteste Barthès, et se venge d’être régulièrement tourné en ridicule. Les gens de l’autre bord, eux au moins, feignent de rire lorsqu’ils se font prendre en flagrant délit. Par exemple Hervé Morin, quand il prétend avoir assisté au Débarquement alors qu’il est né en 1961 !
(Bien entendu, les mesquineries de Mélenchon sont diffusées dès le lendemain, et cela n’arrange pas sa réputation, déjà détestable)
Autre cible – côté paf –, François Hollande. Lui fait répandre le bruit qu’il écrit personnellement tous ses discours, bobard qui commence à devenir lassant, et que, lors des débats auxquels il participe, il parle sans aucune note : un vrai De Gaulle ! Mais le Petit Journal le démasque, dans le même lot que les autres participants d’un débat à six.
Moralité : pas question de caser le « Tous pourris » cher au Front national, mais plutôt de constater les ravages de la com’, qui frappent tout le monde.
Quant à obtenir la peau de Barthès, voilà plus de vingt ans que les politiques essaient en vain avec les Guignols...