Déboulonnons : De Gaulle (1)
Lorsqu’on pense à Charles De Gaulle, la notion de racisme ne vient pas immédiatement à l’esprit. C’est bien naturel, car l’ancien président a pris garde de ne jamais proférer en public certaines horreurs dont il parsemait en privé ses conversations avec des proches. Par conséquent, très peu de Français ont conscience de ce fait : De Gaulle n’aimait ni les Arabes, ni les Noirs, ni les Juifs. Et il employait pour les qualifier des mots dont, personnellement, j’ai une horreur profonde et que je n’ai JAMAIS utilisés, ni par écrit ni verbalement, y compris lorsque j’étais enfant et que tout le monde, autour de moi, les ressassait à tire-larigot. Ce sera donc aujourd’hui une grande première, mais à titre de citations seulement. Et comme je ne veux pas être accusé d’en rajouter, je ne vais citer que des propos rapportés par des amis de De Gaulle.
Sur les Juifs :
- cité par Jean-Raymond Tournoux, dans Pétain et de Gaulle (Plon 1964) : « Encore un Juif... », soupire-t-il quand, en juin 1940, on lui annonce que Georges Boris, fondateur du journal « La Lumière », ancien directeur de cabinet de Léon Blum au ministère du Trésor et futur conseiller de Pierre Mendès France, vient de se rallier à lui.
- cité par André Le Troquer, président de l’Assemblée nationale, dans La parole à Le Troquer (La Table Ronde, 1962) : « Je n’aime pas les youpins ».
- conférence de presse du 27 novembre 1967, à propos d’Israël : « Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est à dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles ».
Sur les Noirs, une seule citation, mais copieuse, de Jacques Foccart, chargé des relations secrètes avec l’Afrique, dans un entretien du 8 novembre 1968, cité dans les Mémoires de Foccart, tome 2, Le Général en mai - Journal de l’Élysée - 1968-1969 (Fayard/Jeune Afrique) : « Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. […] Et puis tout cela n’a aucune espèce d’intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d’ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n’est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l’Élysée. Et puis je vous assure que c’est sans intérêt. »
Sur les Arabes, ce sera dans une autre notule, car les citations sont trop nombreuses. Patientez.