Être consensuel

Publié le par Yves-André Samère

C’est une chose bizarre, que d’être attiré par tout ce qui est consensuel. Or beaucoup de gens sont fascinés par ce qui plaît au premier abord. D’où le succès prodigieux d’un tas d’œuvrettes qui ne méritent pas cet honneur, et le fait que des œuvres moins accessibles mais diablement plus intéressantes soient à ce point boudées, voire décriées.

Ainsi, on a lu et entendu dire beaucoup de mal de certains livres, comme naguère Les versets sataniques, ou plus récemment Les Bienveillantes, dont on a prétendu qu’ils étaient illisibles et ennuyeux. C’est tout le contraire, encore faut-il s’accrocher un peu. Pour ma part, je ne dois pas être assez centriste pour apprécier ce que tout le monde aime, et c’est La route, de Cormac McCarthy, qui m’a ennuyé à mourir. Mais ce roman sinistre a fait un triomphe, peut-être parce qu’il était court et ne jouait que sur une seule corde ! Je n’ai pas pensé beaucoup plus de bien d’un autre roman qui a, dit-on, enchanté des générations de jeunes aux États-Unis, L’attrape-cœur, de Jerome David Salinger, écrivain new-yorkais, qui l’a publié en 1951 sous le titre The catcher in the rye, et dont le narrateur, un lycéen, décrit longuement ses histoires de famille. On adore ce genre, aux États-Unis…

Au théâtre, j’ai réussi à ne PAS aller voir quelques pièces que certainement je n’aurais pas aimées, en dépit de leur triomphe public. M’étant contenté de les suivre à la télévision, j’ai béni le Ciel de ne pas avoir dépensé mon précieux argent en évitant – cela tombe bien – L’avare, joué à la Comédie-Française par Denis Podalydès, ou, pire que cela, le Cyrano de Bergerac mis en scène par le même, avec Michel Vuillermoz. Il faudra d’ailleurs qu’on m’explique un jour pourquoi ce personnage, censé avoir vingt ans au début de l’histoire, est toujours joué par un quinquagénaire ! Enfin, quel bonheur d’avoir échappé aux niaiseries de Christian Hecq dans Un fil à la patte, qui ont pourtant plu à tout le monde, ou à La dame de chez Maxim, massacrée à l’Odéon il y a deux ans. Là encore, le bourrage de crâne a fait beaucoup de victimes… Et, par décence, je ne cite pas les pénibles exhibitions de Pierre Arditi dans les pièces que France 2 diffuse périodiquement à partir du théâtre Édouard VII uniquement, hasard un peu suspect.

Au cinéma, je ne reviens pas sur les succès de films ultra-consensuels, comme Le discours d’un roi ou La guerre est déclarée, qui sont insignifiants et confirment, après Bienvenue chez les Ch’tis, qu’il est facile de plaire à la majorité, à condition de ne pas viser trop haut et d’assaisonner son scénario avec une copieuse dose d’humain. Le tout récent Intouchables confirme, et au-delà.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
<br /> « Amélie Poulain », bien sûr. Mais ce film, comme tous ceux de Jeunet, doit surtout être classé dans la catégorie « Admirez comme je sais faire des trucs épatants avec ma caméra et<br /> comme ça fait joli, la pellicule trempée dans la teinture orange ». Débarrassé de ces scories, le scénario serait presque passable.<br /> <br /> « Le nom de la rose » (le livre), désolé, m’a passionné. Je ne l’ai pas lâché avant de le terminer. Bien meilleur que le film. Ce sont les bouquins suivants du cher Umberto qui se sont<br /> révélés casse-pieds. Par exemple « Le pendule de Foucault ».<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Et "Le nom de la rose" peut selon toi être placé dans la catégorie des "illisibles et ennuyeux" ? Pour moi, après 3 tentatives, la question est tranchée.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Et Amélie Poulain...<br /> <br /> <br />
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