Indispensables, les méchants ?
Entendu aujourd’hui l’actrice Sylvie Testud affirmer qu’elle ne concevait pas un film sans aucun méchant. Or ce cliché très répandu, qu’on applique aussi à la littérature, est faux.
Quelques exemples ? Allons-y, en commençant par les films.
Il n’y a aucun méchant dans Le magicien d’Oz. Ce film un peu surfait, manifestement conçu pour des enfants, ne comporte aucun personnage qui fasse quoi que ce soit de mal. Le premier film signé officiellement par Jerry Lewis, The bellboy (affligé en français d’un titre plutôt vulgaire, Le dingue du palace), n’a aucun méchant, et son personnage central, que joue Jerry, est absolument gentil et serviable.
Poussons plus loin : dans Les enfants du paradis, il y a certes un méchant, un seul, le personnage de Lacenaire – qui a d’ailleurs existé, à la fois comme poète et comme assassin, et qui a fini sur la guillotine. Or ce personnage ne sert absolument à rien dans l’intrigue, et si le scénariste Jacques Prévert ne l’y avait pas introduit, sans doute pour faire contraste avec celui de Garance interprété par Arletty, le film de Marcel Carné n’y aurait pas perdu grand-chose (il aurait même gagné de ne pas montrer la coiffure ridicule dont Marcel Herrand est affublé).
En littérature, je ne citerai que deux livres : l’un, parce qu’une amie me l’a offert et que je m’en délecte : Trois hommes dans un bateau, de Jerome K. Jerome. Il est vrai que c’est un livre d’humour. L’autre est une merveille à laquelle je tiens beaucoup, et qu’une cousine m’avait offert également : Histoires comme ça, de Rudyard Kipling. Lisez les deux. Il est certain que ce n’est pas du James Ellroy !