Prénoms bizarres - 1

Publié le par Yves-André Samère

Si le Ciel est avec moi – comme je n’en doute pas puisque je donne régulièrement des preuves de ma mansuétude –, je crois que je vais vous rédiger deux ou trois petits articles sur les prénoms bizarres. Non, je ne vais pas recommencer avec la nièce de Bertrand Cantat, une gosse innocente dont la mère est ministre d’on ne sait plus trop quoi, de sorte qu’elle est à sa place dans ce gouvernement de Branquignols. Par « bizarre », j’entends « prêtant à confusion quant au sexe de son titulaire ». Et, histoire de commencer en douceur, parlons de Stéphane Audran.

J’aime beaucoup Stéphane Audran, comme actrice (je ne la connais pas personnellement). Certes, je n’affirme pas que, dans le privé, elle est d’une intelligence lumineuse, éclipsant celle d’Albert Einstein – du reste, tous les hommes prénommés Albert sont d’une remarquable intelligence ! Et Stéphane, il y a quelques décennies, s’était ruinée en spéculant en Bourse sur le sucre, ce qui n’était pas très malin. Si j’ose dire, l’addition, elle l’avait trouvée salée.

En 1970, Stéphane joua dans un film de son mari du moment, Claude Chabrol, qui signa là son meilleur film, Le boucher. Son partenaire était Jean Yanne. Or le film fut sélectionné à Hollywood pour les Oscars, au titre des films étrangers, et, à défaut de couronner le film, le jury décida de récompenser les deux interprètes. Il attribua donc le prix d’interprétation féminine à Jean Yanne, et celui d’interprétation masculine à Stéphane Audran.

Non, il n’y a pas de faute de frappe. Précisions : en anglais, Stéphane sonne comme Stephen, qui est un prénom masculin ; tandis que Jean se prononce comme le nom de ce liquide incolore mais pas sans saveur, qui sert à préparer le bloody Mary (ne pleurez pas sur le jus de citron vert, le sel de céleri et le jus de tomates), et on l’attribue plutôt aux filles. Pensez à Jean Seberg et à Jean Simmons.

Le boucher eut un succès mérité, et les deux acteurs furent très fiers de ramener en France ces prix originaux. Pour une fois que les Oscars nous font un peu rigoler !

(Honnêtement, cette anecdote est plus que douteuse, car elle a été répandue par Jean Yanne, qui était un peu blagueur, au Tribunal des Flagrants Délires. Méfiant, car c’était trop beau, j’ai vérifié : Yanne n’a eu aucun prix pour Le boucher, alors que sa partenaire a été récompensée comme meilleure actrice au festival de San Sebastián l’année de sortie du film, puis proposée – les cons disent « nominée » – aux BAFTA Awards (British Academy of Film and Television Arts), à Londres, en 1973 donc trois ans plus tard. Mais les belles histoires, même fausses, peuvent bien être racontées. Vos journaux en sont remplis)

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