Quand Joffrin torturait Chirac

Publié le par Yves-André Samère

On sait combien les journalistes français se montrent cruels et impitoyables à l’égard des hommes politiques auxquels ils posent des questions. La complaisance, ce n’est pas leur tasse de thé.

Ainsi, voici, transcrite sans y changer une syllabe, comment Laurent Joffrin, journaliste de gauche bien connu, a mis Jacques Chirac sur le gril lorsque celui-ci était président de la République (les italiques sont évidemment de mon cru, puisque le document est oral). Je précise que Chirac, quand il était maire de Paris, était locataire, pour la moitié d’un loyer normal, d’un grand appartement, dans le septième arrondissement, propriété... de la mairie de Paris. Aujourd’hui, c’est sa fille Claude qui l’occupe.

« Monsieur Chirac, je vais vous poser une question que vous allez juger, j’imagine, désagréable, enfin, les journalistes ne sont pas obligés de toujours poser des questions qui plaisent aux candidats... »

Chirac interrompt : « Absolument ! ».

Joffrin reprend : « Il y a eu une polémique qui a été déclenchée à la suite de la publication d’un article dans “Le Canard enchaîné”. Cet article a trait... avait trait à un appartement que vous louez, que votre famille loue dans le septième arrondissement... ».

Chirac interrompt : « C’est moi ».

Joffrin reprend : « C’est vous ? Euh, rue du Bac, alors... On vous a reproché, euh... d’une certaine manière, de bénéficier d’un... d’un... d’une opération immobilière qui vous permette de payer un loyer avantageux, eu égard à... aux facilités que comporte cet appartement, à sa nature immobilière. Alors, vous avez répondu que tout ça était légal, et donc il y avait pas d’irrégularités. Personne ne vous a contredit, euh... sur ce point, mais, est-ce que c’est pas un peu ennuyeux pour... pour les questions d’image, parce que ça... ça risque quand même de vous donner un peu l’image... de quelqu’un, euh... qui bénéficie, même s’il est parfaitement honnête, tout... tout le monde le pense, mais qui bénéficie, avec d’autres, mais comme d’autres, d’un certain nombre de privilèges, qui sont fermés aux citoyens normaux, puisque, apparemment, le loyer en question est quand même très avantageux par rapport à l’appartement ».

Fin de citation, comme on dit à la radio. Laurent Joffrin a mis une minute et deux secondes pour poser sa question, qui paraissait le mettre, LUI, à la torture ! Je vous laisse apprécier, et même déguster, l’audace du grand journaliste, audace qui se traduit par les multiples précautions oratoires dont il a semé son discours – mes italiques –, entre deux « Euh... » prudents.

Dire que Chirac n’a même pas fait fouetter l’impertinent ! En fait, on le sent rire dans sa barbe d’effrayer à ce point ce grand représentant de la presse libre et indépendante.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Chirac, grand parasite immobilier de la République, devait en effet être bien aise !
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