Une belle magouille gaulliste

Publié le par Yves-André Samère

Il a du nez, Jean-Michel Aphatie : régulièrement, dans le Grand Journal de Canal Plus, il aborde un sujet d’autant plus intéressant que... je l’ai traité moi-même, ici, quelques heures auparavant. Aphatie devrait faire avancer l’heure de son passage à l’antenne, pour éviter de se faire griller.

Bref, hier soir, il a un peu raillé la mode du jour : De Gaulle. C’est vrai, tout le monde dit du bien de De Gaulle, en ce moment, même les socialistes. C’est évidemment ridicule, mais la propagande a été si efficace que plus personne n’ose émettre la moindre restriction à l’égard de Mongénéral, de crainte de se faire lyncher. Restent « Le Canard enchaîné », et votre (très humble) serviteur, qui continue de voir le roi nu.

Aussi, je ne rate pas cette occasion d’en rajouter une couche légère, qui montre que les basses magouilles politiciennes ne répugnaient pas au grand homme. Ainsi, cette opération de sauvetage d’Alexandre Sanguinetti. Vous pouvez aller lire dans Wikipedia la biographie succincte de cet individu (je parle de Sanguinetti), mais ce que Wikipedia ne vous dira pas, c’est ce qui suit.

Sanguinetti, en dehors de ses fonctions politiques comme secrétaire général du parti gaulliste, était aussi commerçant : il vendait de la peinture. Or, en cette qualité (si je puis dire), il commit une escroquerie, appelée « carambouille », qui consiste à revendre au comptant une marchandise achetée à crédit. Découvert, il passa devant le tribunal correctionnel, et fut condamné. Illico, il perdit ses droits civiques, donc, député sortant, il ne pouvait plus se représenter aux législatives, lesquelles se pointaient malencontreusement. Or Sanguinetti était une sorte d’ancêtre moral de Charles Pasqua (avec lequel, du reste, il fonda le sinistre Service d’Action Civique, le trop fameux SAC, spécialisé dans l’extorsion de fonds, l’intimidation, le racket, le chantage et finalement le meurtre, au bénéfice du parti gaulliste – ce qui lui valut d’être interdit quand Pierre Mauroy devint Premier ministre, une série d’assassinats, dont celui d’un enfant, ayant été commis par ces grands patriotes).

Sanguinetti condamné, voilà par conséquent l’UNR, parti gaulliste, privée d’un spécialiste des élections, vues sous l’angle du découpage des circonscriptions. Il était impératif de lui faire rendre ses droits civiques, et fissa. On concocta donc une loi d’amnistie, dont les termes étaient tels qu’un seul individu en France pouvait en bénéficier, et devinez qui !

La loi fut votée à l’Assemblée, et De Gaulle, président de la République, ne dédaigna pas de la signer de sa blanche main. De sorte que Sanguinetti put s’occuper des élections. Une fois de plus, la France était sauvée !

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