Vivement la Sixième République !
Je n’aime pas la Cinquième République. Ce régime bancal, taillé sur mesure par un couturier complaisant, Michel Debré, qui n’en était pas à son premier reniement, et que l’on destinait à un militaire (comme si, après Pétain et De Gaulle Ier, les Français n’avait pas eu leur content de militarisme et aspiraient à la transformation de leur pays en caserne, ainsi qu’au fait de devoir dire désormais « Mon général » au président de la République), nous a valu cette monstruosité qu’est l’élection du chef de l’État au suffrage universel.
Notons qu’à l’avènement de ladite République, ce n’était pas encore le cas : De Gaulle, Premier ministre, a succédé le 8 janvier 1959 au président Coty, un président « normal » comme ils l’étaient tous sous la Quatrième République (en fait, il n’y en a eu que deux, mais des bons, Vincent Auriol et René Coty), et qui devaient leur élection à la négociation entre les divers corps électoraux, puisqu’on les faisait élire par les élus. Ce qui écartait toute possibilité de populisme.
Mais De Gaulle, se sachant populaire, avait la manie d’user du référendum, qu’il savait lui être favorable. Et, pour ne jamais être désavoué, il avait un autre truc : poser DEUX questions n’appelant qu’UNE réponse. Dans le style « Voulez-vous la paix en Algérie ET me donner les pleins pouvoirs ? ». Ce fut le célèbre et inique article 16. Mitterrand, qui avait la dent dure, baptisa cela « Le coup d’État permanent », dont il fit son seul bon livre.
Moins populaire auprès des élus, De Gaulle utilisa le même truc pour faire passer la réforme suprême, se faire élire par tous les citoyens français. Ça ne pouvait pas manquer, mais... cela faillit, puisqu’il se retrouva en ballotage en 1965, pour cause d’adversaires coriaces ! « Ballotage franc et massif ! », titra ironiquement « Le Canard enchaîné ».
Il n’empêche, cette réforme désastreuse nous a valu une série de déboires dont le pays ne se remettra pas. À la base, les affreuses magouilles sur le financement des campagnes, dont nous avons un écho ce jour-même, et qui va coûter, à l’honnête Copé, le poste dont j’imaginais qu’il ne serait éjecté qu’en septembre. Mais l’Histoire va plus vite...