Sur France 2, « Prodiges »
Il fallait, ce jeudi 22 décembre, suivre sur France 2 une émission exceptionnelle, Prodiges. Pas du tout le genre téléréalité, aucun rappeur ou danseur de hip-hop ne s’y était glissé, puisque tout était consacré à la musique classique, en trois catégories : musique instrumentale, chant et danse. Il y avait eu deux autres sessions les années précédentes. Présentée en différé depuis Angers, la soirée était pilotée d’une main ferme mais exubérante par la chère Marianne James, qui ne manque pas d’esprit (je l’avais connue il y a quelques années, quand elle était chroniqueuse pour Claude Villers dans son émission sur France Inter Tous aux abris). Trois examinateurs français l’assistaient, des sommités dans leur métier : Élisabeth Vidal, soprano collorature et qui enseigna naguère au Bolchoï de Moscou ; Patrick Dupond, danseur étoile et ancien directeur de la danse à l’Opéra de Paris, où il avait succédé à Rudolf Noureïev ; et Gautier Capuçon, violoncelliste de renommée mondiale. Plus, pour accompagner les concurrents, l’Orchestre national des Pays de Loire, dirigé par Pascal Rophé et Ariane Matiakh (pas en même temps).
Tout ce petit monde, extrêmement bienveillant, devait, en un peu plus de deux heures, sélectionner neuf candidats sur quinze, tous âgés de neuf à seize ans, et qui avaient un talent remarquable. Les gagnants seront vus le jeudi 29, pour la finale de cette année, mais vous pouvez toujours admirer Melvin, le danseur qui a gagné l’année dernière, à l’âge de quinze ans.
Quelques remarques négatives de ma part, sinon vous ne me reconnaîtriez pas.
D’abord, on avait eu la mauvaise idée de faire accompagner les morceaux purement instrumentaux par un bien inutile orchestre. Ainsi, Sacha, 13 ans, a joué le Troisième mouvement de la Sonate au Clair de Lune de Ludwig van. Or ce morceau est pour piano seul. Le garçon joue étonnamment bien, avec beaucoup de personnalité, point n’était besoin, par conséquent, de polluer son travail avec des violons en arrière-plan. Alors que cela convenait au jeune Constant, neuf ans, qui a joué du Rachmaninoff, lui dont les petites mains ont dû peiner, avec ce compositeur diabolique !
Et puis, grosse déception, on avait sélectionné une jeune harpiste de 15 ans, Chanel, qui s’est lancée dans l’interprétation d’un morceau viril ne convenant pas du tout à cet instrument languissant, Asturias, d’Isaac Albeniz. Pour ne rien arranger, un tripatouilleur anonyme avait coupé le plus beau passage de l’œuvre (et le plus facile à jouer), celui qui se joue en doubles octaves. Mais, par je ne sais quelle aberration, la jeune fille a été sélectionnée. Entendons-nous bien, je ne dis pas qu’elle était mauvaise musicienne, c’est seulement l’œuvre choisie qui ne pouvait que décevoir.
Donc, la finale pour cette année aura lieu après-demain.