Patachou, actrice

Publié le par Yves-André Samère

Ce 30 avril, Patachou, qui était née Henriette Eugénie Jeanne Ragon, est morte à Neuilly, à l’âge de 96 ans et quelques mois. Et je me suis d’abord demandé si je pouvais l’inclure dans ma rubrique des acteurs, car elle était surtout connue (oubliée, devrais-je dire), comme chanteuse. Or, recherches faites, il n’en était rien, elle avait bel et bien fait une carrière d’actrice, et Philippe Meyer, dans son émission d’aujourd’hui sur France Inter, l’a rappelé. Il annonce en outre que son émission de samedi prochain sera une rediffusion de celle qu’il avait faite naguère, avec elle comme invitée.

Quoi qu’il en soit, Patachou a joué dans quarante-trois films et téléfilms, exactement autant que Brigitte Bardot, davantage qu’Audrey Hepburn (trente-trois films), que Greta Garbo et que Marilyn Monroe (trente-deux films chacune), et que Grace Kelly (trente, cette minable). Je ne mentionne même pas Ella Fitzgerald, qui n’en a fait que six, et j’ai honte pour elle.

Patachou avait pris ce surnom, qui était l’enseigne du petit cabaret qu’elle avait fondé en 1948 à Montmartre, où elle chantait fort bien, et où elle faisait débuter les artistes qu’elle estimait talentueux, comme, excusez du peu, Georges Brassens – qu’elle a littéralement poussé sur la scène, car il avait trop de trac et pas assez de confiance en lui. Elle y faisait rire les touristes en choisissant une victime dans le public et en lui... coupant la cravate, gag récurrent qui faisait son petit effet. Mais, professionnellement, elle choisissait très bien ses chansons, et son nom restera, s’il y a une justice.

Au cinéma, elle a débuté en 1952, dans Jouons le jeu, réalisé par André Gillois, où elle avait comme partenaires, tenez-vous bien : Jean Rostand, biologiste et futur académicien, fils d’Edmond Rostand ; Jacques Charon, pensionnaire et futur sociétaire de la Comédie-Française ; Odette Laure, excellente chanteuse ; Francis Carco, écrivain ; Michel Vitold, comédien, qui a créé le Huis-clos de Sartre ; Pierre Brasseur (inutile de préciser) ; Henri Jeanson, journaliste, réalisateur d’un seul film (Lady Paname) et le meilleur dialoguiste du cinéma français ; Marcel Jouhandeau, écrivain ; Jean Danet, acteur et futur créateur des Tréteaux de France ; Roland Alexandre, acteur ; Marcel Mouloudji, chanteur, écrivain et acteur ; André Maurois, écrivain et académicien ; Maurice Escande, acteur et futur administrateur général de la Comédie-Française ; Simone Signoret, actrice et muse de la gauche française ; Grégoire Aslan, ancien chanteur chez Ray Ventura, puis acteur (très apprécié à l’étranger, il a joué dans Cléopâtre) ; Maurice Chevalier, chanteur et acteur très apprécié aussi, mais aux États-Unis ; Armand Salacrou, écrivain, membre de l’Académie Goncourt ; Françoise Christophe, actrice ; et Pierre Dudan, chanteur très populaire.

Cela étant, deux ans plus tard, son deuxième film, French-Cancan, avec Jean Gabin, était de Jean Renoir, et son troisième, en 1954, ce fut le Napoléon de Sacha Guitry, où elle jouait Madame Sans-Gêne, ce qui lui allait parfaitement. J’ai vu ces films, mais très peu des autres, et je me souviens surtout de Cible mouvante, de Pierre Salvadori, en 1993, où elle était la mère de Jean Rochefort, qui jouait un tueur à gages ayant pris comme apprenti Guillaume Depardieu ! Il y eut aussi Drôle de Félix, en 2000, autre bon film avec Sami Bouajila et Ariane Ascaride.

Je passe sur sa carrière de chanteuse, puisque ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus, mais on doit pouvoir trouver très facilement ses chansons sur Spotify, site qui, rappelons-le, est gratuit !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Il serait bien dommage que Patachou soit oubliée. Bien que d'une génération différente, je l'écoute avec beaucoup de plaisir (prononciation parfaite, voix délicieuse, interprétation au cordeau). Philippe Meyer fait de temps en temps des piqûres de rappel. J'écouterai, bien sûr, la rediffusion de l'émission.
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Y
Très vrai, elle avait une diction impeccable. Ça s’est un peu perdu.