Horreur ! Horreur ? Erreur !
J’ai souvent dit qu’ici, je ne parlerai pas de cinéma, bien qu’avec les livres et la musique, il se trouve au centre de ma vie. Or je le fais ailleurs, et d’un point de vue assez différent de celui des critiques ayant pignon sur rue. Je ne prétends pas faire mieux qu’eux, mais je m’y prends autrement, car ces braves gens semblent ignorer l’existence du public, lequel, comme l’a dit un jour Henri Jeanson, qui fut le meilleur scénariste-dialoguiste français (mais non, ce n’était PAS Michel Audiard), est visiblement de trop !
En revanche, je ne me suis pas engagé à ne pas commenter la manière dont les médias parlent de cinéma ! Et justement aujourd’hui, on nous a informés de la mort de Wes Craven, cinéaste hollywoodien et vieux routier de la caméra, qui filmait très bien, mais dont on n’a cessé de radoter qu’il faisait des films d’horreur – comme s’il n’avait fait que cela. Cette erreur (voulue ?) me rappelle que, lors de la mort récente du grand Christopher Lee, on n’a cessé de dire qu’il avait joué toute sa vie le personnage de Dracula, alors qu’ayant à son actif... 278 films, record sans doute absolu dans la profession, il n’a incarné le célèbre vampire que dans dix films, à une certaine époque depuis longtemps révolue, et qu’il a joué Fu Manchu cinq fois, Sherlock Holmes trois fois, Mycroft Holmes (le frère de Sherlock) une fois, et Sir Henry Baskerville (dans Le chien des Baskerville, une autre aventure de Sherlock, rediffusée récemment à la télévision) une fois. À part cela, il est apparu dans trois James Bond et dans l’épisode 2 de Star wars.
Wes Craven, c’est pareil, il a réalisé quelques films d’horreur, je ne dis pas le contraire, mais... les quatre épisodes de Scream que les radio-télés ont présentés comme tels ne sont nullement des films d’horreur, mais des parodies de films d’horreur, qui se moquent énormément des procédés employés dans les vrais films d’horreur, en les caricaturant. Et on y riait beaucoup.
Et voilà comment les médias confondent un genre avec sa parodie ou son pastiche. Le jour où l’on tournera un film d’après Le lutrin de Boileau, vous verrez qu’on le présentera comme un film historique sur les dissensions au sein de l’Église catholique ! Je me délecterais aussi de ce qu’on dirait si quelqu’un filmait La parodie du “Cid”, d’Edmond Brua (la pièce de Corneille, mais traduite en patahouète, le langage des Français d’Algérie). Voyez plutôt comme, aujourd’hui, ils ont pris au sérieux la disparition probablement bidon du « Gorafi », qui n’est qu’un coup de publicité !