Censurer les films violents
Je disais dans un article précédent qu’il fallait distinguer les films X des films pornos, et cela, pour deux raisons.
La première raison est qu’aujourd’hui, les films pornos existent toujours, mais les films X n’existent plus depuis... 1996 ! La seconde, c’est que le « X » désignait également une autre catégorie de films, ceux qui exploitaient la violence. Et si les expressions « film X » ou « film classé X » n’apparaissent dans aucun texte réglementaire, la loi française qui traite de la censure cinématographique, et les décrets et arrêtés qui la complètent, ne parlent que de « films pornographiques ou d’incitation à la violence ». Donc, on le sait peu ou on l’a oublié, l’expression « films X » a désigné, non seulement certains films pornographiques, mais aussi certains films violents.
Il est vrai que les films violents ont été quelque peu laissés de côté – il n’y en a eu que dix – par la commission ad hoc, celle qui faisait le tri en délivrant les autorisations d’exploitation, histoire sans doute d’illustrer par un exemple supplémentaire ce que tout un chacun peut constater : que la représentation de la violence à l’écran est mieux tolérée par la loi que celle d’un acte aussi naturel que l’amour physique ! Eh oui, la Commission de contrôle des films a été créée par une ordonnance du 3 juillet 1945, en vue, à l’origine, de protéger l’ordre public et les bonnes mœurs, mais sa mission a lentement évolué, s’orientant peu à peu vers un autre but, la protection de la jeunesse. Ainsi, le mot « censure » que j’ai utilisé plus haut n’est plus employé officiellement. Or, depuis 1981, la majorité sexuelle en France est fixée à l’âge de 15 ans ; il est donc possible, chez nous, d’interdire à des jeunes entre 15 et 18 ans, ou même à des adultes, de voir sur un écran des actes que la loi leur permet de faire dans la réalité !
Il n’en reste pas moins que les dix films dont je parlais, et qui n’étaient PAS pornographiques, ont été « iXés » pour incitation à la violence, entre le 13 avril 1976 et le 8 mai 1980 – mesure ensuite rapportée, souvent. Certains sont célèbres et je vous en fournirai la liste dans une prochaine notule... quand j’aurai fini mes recherches !
J’ai dit en commençant que les films X n’existaient plus depuis 1996 : tout simplement parce que la Commission cessa de siéger, elle n’avait plus rien à contrôler. En effet, on ne fabrique plus de films pornographiques pour le cinéma en France depuis 1992. Le dernier film porno français fut Barbara nue et humide, d’Alain Payet, qui signa du pseudo « John Love ». Après cela, c’est la vidéo qui reprit le marché, or cette industrie n’est soumise à aucun contrôle de la part des instances du cinéma. Certes, si une cassette ou un DVD venait à passer les bornes et à violer la loi qui interdit, par exemple, la pédophilie et la représentation dégradante de l’espèce humaine, il y aurait matière à sanction et saisie de l’objet du litige, mais cela ne concerne plus que l’ordre public, donc la police et la justice ; non un quelconque organisme de contrôle du cinéma.